La Russie suspend sa participation au traité New Start
21.02.2023 15:33
© Reuters. Le Président russe Vladimir Poutine lors de son discours annuel devant l’Assemblée fédérale à Moscou, Russie. /Photo prise le 21 février 2023/Sputnik/Mikhail Metzel/Pool via REUTERS
MOSCOU (Reuters) – La Russie va suspendre sa participation au traité New Start de réduction des armes stratégiques, sans pour autant s’en retirer formellement, a déclaré mardi Vladimir Poutine, s’attirant aussitôt les critiques de l’Otan et de Washington.
Dans son discours devant le Parlement, le président russe a émis de nouvelles menaces nucléaires implicites envers les pays occidentaux qui soutiennent l’Ukraine en annonçant l’entrée en service de nouveaux missiles et en ouvrant la porte à une reprise des essais nucléaires russes si les Etats-Unis devaient faire de même.
Le traité New Start, qui doit expirer en 2026, limite depuis sa signature en 2010 à 1.550 le nombre de têtes nucléaires que les deux anciennes superpuissances de l’époque de la guerre froide peuvent déployer dans des missiles balistiques intercontinentaux, des sous-marins lance-missiles ou des bombardiers stratégiques+.
« Je suis obligé d’annoncer aujourd’hui que la Russie suspend sa participation au traité sur les armes stratégiques », a dit Vladimir Poutine, justifiant cette décision par le fait que la Russie ne peut pas effectuer d’inspections pour vérifier son application par les pays occidentaux.
Le président russe a insisté sur le fait que son pays ne se retire pas du traité mais qu’il suspend sa participation, dans l’attente de savoir « ce que veulent les pays de l’Otan comme la France et le Royaume-Uni ».
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a aussitôt regretté cette décision et invité Moscou à la reconsidérer.
Dénonçant une annonce « malheureuse et irresponsable », le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré de son côté que les Etats-Unis prendraient toujours les mesures nécessaires à leur sécurité et à celle de leurs alliés, tout en demeurant ouverts au dialogue sur le sujet.
Vladimir Poutine a affirmé sans fournir de preuves que certains responsables américains envisageaient de reprendre les essais nucléaires et a fait savoir que la Russie n’hésiterait pas à faire de même si c’était le cas.
« Bien sûr, nous ne le ferons pas en premier. Mais si les Etats-Unis font des essais, nous le ferons aussi. Personne ne doit se faire d’illusions dangereuses sur le fait que la parité stratégique mondiale peut être détruite », a-t-il dit.
(Reportage de Guy Faulconbridge, avec Bart Meijer à Bruxelles et Humeyra Pamuk à Washington ; version française Nicolas Delame et Tangi Salaün, édité par Kate Entringer et Matthieu Protard)