La Fed relève ses taux de 25 points de base, laisse entrevoir une pause
03.05.2023 21:52
© Reuters. Une projection du logo de la Réserve fédérale américaine, à Washington. /Photo prise le 16 mars 2016/REUTERS/Kevin Lamarque
par Howard Schneider et Ann Saphir
WASHINGTON (Reuters) – La Réserve fédérale américaine (Fed) a indiqué mercredi à l’issue de sa réunion de deux jours de politique monétaire qu’elle relevait son principal taux d’intérêt de 25 points de base, comme attendu, et a ouvert la voie à une possible pause dans sa campagne de hausse des taux.
Cette décision, prise à l’unanimité, intervient dans un contexte de secousses dans le secteur bancaire et alors que plane la menace d’un défaut sur la dette des Etats-Unis, aucun accord n’ayant pour l’heure été trouvé au Congrès sur un relèvement du plafond de la dette.
L’objectif de taux des fonds fédéraux (« fed funds ») est porté entre 5% et 5,25%, ce qu’anticipaient une large majorité d’économistes et analystes interrogés par Reuters avant la réunion du Federal Open Market Committee (FOMC), le comité de politique monétaire de la Fed.
Il s’agit de la dixième hausse consécutive du taux directeur de la banque centrale américaine depuis mars 2022.
Toutefois, dans le communiqué accompagnant sa décision, ne figure plus le passage dans lequel le FOMC dit anticiper qu’un « raffermissement supplémentaire de la politique monétaire pourrait être approprié » afin d’atteindre l’objectif d’inflation de 2%.
Au lieu de cela, la Fed a préféré des éléments de langage rappelant ceux qu’elle a utilisés lorsqu’elle a effectué une pause dans son resserrement monétaire en 2006.
Il est ainsi écrit dans le communiqué que les responsables de la Fed examineront l’évolution de l’économie, de l’inflation et des marchés financiers dans les prochaines semaines ou prochains mois pour « déterminer dans quelle mesure un resserrement supplémentaire pourrait être approprié ».
RIEN N’EST DÉCIDÉ POUR JUIN, DIT POWELL
Cela ne garantit pas que la banque centrale américaine ne modifiera pas ses taux lors de sa prochaine réunion, en juin, d’autant qu’elle a noté que « l’inflation reste élevée » et que les créations d’emploi progressaient toujours à « un rythme robuste ».
S’exprimant après la publication du communiqué, le patron de la Fed a déclaré que celle-ci considérait que l’inflation était encore trop élevée et que les pressions inflationnistes restaient un motif d’inquiétude pour la banque centrale.
Rappelant avoir toujours pour objectif de contrôler l’inflation, Jerome Powell a ajouté qu’il était prématuré de dire que la campagne de hausse des taux était terminée.
« Nous sommes disposés à faire davantage si nécessaire » en terme de relèvement des taux, a-t-il dit en conférence de presse, indiquant que les responsables de la Fed n’avaient pas décidé, lors de leur réunion, d’opérer le mois prochain une pause dans ce cycle de resserrement monétaire.
Les décisions seront prises « réunion après réunion » en fonction des données, a insisté Jerome Powell.
Le taux directeur de la Fed se trouve à un niveau similaire à celui qu’il avait atteint en 2007 en amont de la crise financière, et à un niveau jugé en mars par un groupe de responsables de la banque centrale comme adéquat pour ramener l’inflation à l’objectif de 2%. L’inflation reste actuellement plus de deux fois supérieure à cet objectif.
Entre les risques liés à la faillite de plusieurs banques régionales américaines et l’impasse au Congrès sur le relèvement du plafond de la dette, la prudence de la Fed a été renforcée quant à un nouveau resserrement des conditions financières.
Après la publication du communiqué, les principaux indices de Wall Street conservaient de légers gains, tandis que le dollar et les rendements des Treasuries accentuaient leurs pertes.
« La clé se trouve dans le remplacement d’un seul mot », a commenté Sam Stovall, stratégiste chez CFRA Reasearch à New York, en référence au passage du communiqué de la Fed indiquant que ses responsables détermineront si de nouvelles hausses sont nécessaires, et non plus qu’ils anticipent que cela sera le cas.
« Avec le mot ‘déterminer’ au lieu d »anticiper’, (la Fed) dit grosso modo aux marchés qu’elle est maintenant en pause ».
(Reportage Howard Schneider, Ann Saphir et Michael S. Derby; version française Laetitia Volga et Jean Terzian)