Elisabeth Borne, une « bûcheuse » capée issue de la gauche
17.05.2022 08:13
Expérimentée, efficace, grande travailleuse issue des rangs de la gauche : en accédant lundi à Matignon, Elisabeth Borne (photo) devient la deuxième femme à diriger un gouvernement français depuis Edith Cresson au début des années 1990. /Photo pr
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) – Expérimentée, efficace, grande travailleuse issue des rangs de la gauche : en accédant lundi à Matignon, Elisabeth Borne devient la deuxième femme à diriger un gouvernement français depuis Edith Cresson au début des années 1990.
« Marcheuse » de la première heure, la polytechnicienne (promotion 1981) âgée de 61 ans n’a pas quitté le gouvernement depuis 2017. D’abord chargée des Transports, elle mené à son terme, malgré une longue grève, la réforme de la SNCF voulue par Emmanuel Macron qui a notamment mis fin aux recrutements sous le statut de cheminot.
En 2019, l’ex-préfète a brièvement succédé à François de Rugy au ministère de la Transition écologique au moment de la Convention citoyenne sur le climat, avant de céder la place à Barbara Pompili.
Installée au ministère du Travail dans le fauteuil de Muriel Pénicaud à partir de juillet 2020, elle engrange des résultats significatifs : le taux de chômage atteint un niveau plancher depuis quinze ans, et celui des jeunes, son plus bas niveau depuis quarante ans.
À l’issue de deux ans de bras de fer avec les syndicats, Elisabeth Borne a en outre imposé la réforme de l’assurance-chômage qui a eu notamment pour conséquence de faire baisser le montant de l’allocation pour une partie des demandeurs d’emploi.
« BOURREAU DE TRAVAIL »
« C’est un bourreau de travail, c’est vraiment quelqu’un qui peut bûcher jusqu’à 3 heures du matin et revenir à 07h00 », témoigne une ancienne collaboratrice, qui décrit aussi la nouvelle locataire de Matignon comme une personne « pas chaleureuse, avec une vraie dureté » mais « bonne dans le dialogue avec les administrations centrales. »
« Elle est préfète, elle parle leur langage », ajoute-t-elle.
« Elle a la culture de l’Etat, du territoire et de l’entreprise », renchérit-on à l’Elysée.
La poigne de la nouvelle Première ministre sera utile pour ce début de quinquennat déjà plombé par une poussée inflationniste, alors que la réforme des retraites qu’Emmanuel Macron veut lancer dès l’automne prochain suscite la controverse.
Née le 18 avril 1961 à Paris d’une mère d’origine normande, orpheline de père à l’âge de 11 ans, Elisabeth Borne a été pupille de la Nation et boursière, ce qui lui a permis de faire de brillantes études.
Elle a commencé sa carrière politique au Parti socialiste, où elle a travaillé au service de Jack Lang, Lionel Jospin ou encore Bertrand Delanoë. Elle s’intéresse tôt aux sujets liés à l’environnement en tant que directrice de cabinet de Ségolène Royal quand cette dernière était ministre de l’Ecologie de François Hollande.
Adhérente de La République en marche à partir de 2017, elle avait prévu d’être candidate aux élections législatives de juin prochain dans la 6e circonscription du Calvados, région d’origine de sa mère.
Le CV bien rempli d’Elisabeth Borne mentionne aussi des passages par le privé – Sonacotra, SNCF, Eiffage (EPA:FOUG) – puis la présidence de la RATP à partir de 2015 jusqu’à son entrée au gouvernement.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)