Une journaliste d’opposition russe violemment agressée en Tchétchénie
04.07.2023 13:53
© Reuters. Vue aérienne de Grozny, capitale de la Tchétchénie. /Photo prise le 4 avril 2020/REUTERS/Ramzan Musaev
(Reuters) – Une journaliste russe de Novaïa Gazeta, journal banni par Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine, a été violemment agressée et sérieusement blessée mardi par des hommes masqués alors qu’elle venait d’arriver en Tchétchénie, ont dit son employeur et des organisations de défense des droits de l’Homme.
Elena Milachina, une figure de Novaïa Gazeta, se rendait à Grozny avec un avocat, Alexandre Nestov, pour assister au verdict du procès d’une femme tchétchène, Zarema Mousaïeva, accusée d’avoir agressé un policier.
Leur voiture a été interceptée entre l’aéroport et le tribunal, et tous deux ont été passés à tabac.
Selon Memorial, organisation russe de défense des droits humains et de préservation de la mémoire des victimes du pouvoir soviétique – elle aussi interdite par Moscou -, les agresseurs ont fracturé plusieurs doigts de Elena Milachina, lui ont rasé le crâne et recouvert le visage de peinture verte.
La journaliste d’investigation, qui a perdu connaissance à plusieurs reprises, et Alexandre Nestov ont été hospitalisés à Grozny.
« Ils ont été frappés sauvagement, notamment au visage, menacés de mort avec un pistolet braqué sur la tempe, et leur matériel a été détruit », a indiqué Memorial dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram.
Les agresseurs leur ont dit qu’ils avaient été « prévenus » et ajouté : « Allez vous-en et n’écrivez rien » sur l’affaire judiciaire, précise le communiqué.
Selon une autre organisation de défense des droits humains, « L’Équipe contre la torture », l’avocat a aussi reçu un coup de couteau à la jambe.
La justice russe a retiré l’an dernier sa licence à Novaïa Gazeta, dont le rédacteur en chef est le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov.
(Reportage de Reuters, version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)