Tchad: Junte et rebelles signent un accord pour un « dialogue national » au Qatar
08.08.2022 13:29
La junte tchadienne et plus d’une trentaine de factions rebelles ont signé lundi dans la capitale qatarie Doha un accord prévoyant l’ouverture d’un dialogue national inclusif de réconciliation d’ici la fin du mois. /Photo prise le 8 août 2022/REUTERS/
par Andrew Mills
DOHA (Reuters) – La junte tchadienne et plus d’une trentaine de factions rebelles ont signé lundi dans la capitale qatarie Doha un accord prévoyant l’ouverture d’un dialogue national inclusif de réconciliation d’ici la fin du mois, mais plusieurs groupes ont refusé de ratifier le texte, dont le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT).
« La plupart des groupes armés ont signé cet accord et participeront au dialogue national. Et ce dialogue national, inclusif, est un forum pour l’ensemble des Tchadiens », a déclaré à la presse Mahamat Zene Cherif, ministre des Affaires étrangères du gouvernement militaire de transition, minimisant les inquiétudes sur l’absence de signature de certains groupes armés.
Lors de cette cérémonie, le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohamed ben Abdoulrahman al Thani, a appelé les factions rebelles n’ayant pas signé à rejoindre le cadre de l’accord.
Le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), l’un des principaux groupes armés tchadiens, a annoncé dès dimanche avoir rejeté cet accord, tout en précisant rester ouvert à de nouvelles discussions.
Ce groupe basé en Libye, à l’origine de l’offensive sur la capitale N’Djamena qui a coûté la vie à l’ancien président Idriss Déby l’an dernier, a précisé dans un communiqué que l’accord ne prenait pas en compte ses demandes, dont la libération de prisonniers capturés lors des combats.
Outre les représentants du gouvernement militaire de transition et des groupes rebelles, ce dialogue national est supposé inclure un large éventail de groupes et de formations politiques mais aussi d’organisations de la société civile.
Les détails de l’application de cet accord – intervenu après plusieurs mois de discussions sous l’égide du Qatar à Doha – qu’il s’agisse des modalités de mise en place ou de suivi par exemple, n’ont pas été précisés dans l’immédiat.
Selon une source au fait du dossier, les signataires se sont accordés sur un cessez-le-feu permanent et sont convenus d’oeuvrer vers le désarmement des civils.
Cette même source, qui a requis l’anonymat, a précisé que la junte s’était engagée à ne pas lancer d’opérations militaires ou de police dans les pays limitrophes contre les groupes rebelles signataires de l’accord.
Mahamat Zene Cherif, ministre des Affaires étrangères de la junte, a précisé à la presse que plus de 1.500 représentants des parties concernées participeraient à la session d’ouverture du dialogue national le 20 août prochain à N’Djamena en disant espérer que cet accord permettra de mener le Tchad vers une paix durable.
Le conseil militaire de transition (CMT) a pris le pouvoir au Tchad en avril 2021 après la mort d’Idriss Déby des suites de blessures lors d’une visite à ses troupes sur le front contre les rebelles, au nord de N’Djamena.
Le CMT, qui n’a donné aucun signe concret sur l’organisation d’élections libres en dépit des promesses initiales d’une transition démocratique d’une durée de 18 mois, est dirigé par Mahamat Idriss Itno, fils du défunt président.
(Reportage Andrew Mills, rédigé par Alexander Cornwell ; version française Myriam Rivet, édité par Kate Entringer)