« Stoppez la guerre », et Zelensky n’aura pas besoin de parler à l’Onu
20.09.2023 22:42
© Reuters. Le président ukrainien Volodimir Zelensky s’adressant au Conseil de sécurité des Nations unies lors d’une réunion au niveau ministériel du Conseil de sécurité sur la crise en Ukraine au siège des Nations unies à New York. /Photo prise le 20 septe
par Gabriela Baczynska
NATIONS UNIES (Reuters) – Le président ukrainien Volodimir Zelensky était présent mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, tentant de rassembler les soutiens derrière le droit de Kyiv à se défendre face à Moscou, au cours d’une réunion tendue.
En amont de la réunion, l’ambassadeur de la Russie à l’Onu, Vassily Nebenzia, a exprimé son opposition au fait que le dirigeant ukrainien puisse prendre la parole, au centre de la salle, devant les 15 membres du Conseil.
Le Premier ministre albanais Edi Rama, qui présidait la réunion, a répondu avec une ‘pique’ à l’adresse de Moscou, qui a présenté l’offensive en Ukraine comme une « opération militaire spéciale », alors que Kyiv et ses alliés dénoncent une invasion.
« Je veux rassurer nos collègues russes et tout le monde ici, ce n’est pas une opération spéciale de la présidence albanienne » du Conseil, a dit le dirigeant albanais, provoquant des rires étouffés à travers la salle.
« Il y a une solution pour cela », a poursuivi Edi Rama, s’adressant directement au haut diplomate russe: « Stoppez la guerre, et le président Zelensky ne viendra pas sur l’estrade ».
Vassily Nebenzia a affiché son désaccord, dénonçant une réunion tournée en spectacle et reprochant au Premier ministre albanais d’effectuer des commentaires politiques au lieu de garantir la neutralité de la procédure.
Par la suite, via les réseaux sociaux, Volodimir Zelensky a remercié Edi Rama, estimant que celui-ci avait « montré au monde comment gérer correctement la Russie, ses mensonges, son hypocrisie ».
Assis à la même table que des diplomates russes, le président ukrainien n’a pas croisé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, apparu devant le Conseil après le départ de Volodimir Zelensky – qui a assisté uniquement à la première heure de la réunion – pour prendre la parole, avant de repartir.
Depuis le début de la guerre, l’Ukraine et ses alliés occidentaux sont parvenus à isoler la Russie sur la scène internationale, lui reprochant de violer la Charte des Nations unies.
Sergueï Lavrov a accusé les Occidentaux de citer cette charte et d’en faire fi quand bon leur semble, en fonction de leurs « besoins géopolitiques ».
La Russie a justifié son offensive en Ukraine par la menace que représente selon elle le rapprochement entre Kyiv et l’Otan, Moscou décrivant l’Alliance transatlantique comme une menace pour sa sécurité nationale. Les Occidentaux rejettent ces accusations.
Lorsqu’il s’est finalement exprimé devant le Conseil, Volodimir Zelensky a demandé que la Russie soit privée du droit de veto dont elle dispose en tant que membre permanent, une sanction selon lui justifiable par l’agression de l’Ukraine.
Le président ukrainien a par ailleurs déclaré que Kyiv usait de son droit à la légitime défense dans le conflit, ajoutant qu' »aider l’Ukraine avec des armes, en imposant des sanctions et exerçant des pressions sur l’agresseur, tout en votant les résolutions appropriées, c’est aider à défendre la Charte de l’Onu ».
(Reportage Gabriela Baczynska, Michelle Nichols, Humeyra Pamuk; version française Jean Terzian)