Rémont à la tête d’EDF, la production nucléaire comme priorité
29.09.2022 17:31
© Reuters. Photo du logo d’EDF sur la façade du siège social du groupe à Paris. /Photo prise le 7 juillet 2022/REUTERS/Johanna Geron
PARIS (Reuters) – L’Elysée a annoncé jeudi son intention de nommer Luc Rémont au poste de PDG d’EDF (EPA:) en remplacement de Jean-Bernard Lévy.
Voici les principaux éléments concernant le profil du dirigeant, qui dirige les activités internationales de Schneider Electric (EPA:) depuis 2017, et les chantiers qui l’attendent à la tête de l’électricien public:
UNE CARRIÈRE ENTRE PUBLIC ET PRIVÉ
Luc Rémont, 53 ans, a commencé sa carrière dans la sphère publique en entrant à la Direction générale de l’armement en 1993 avant d’intégrer le Trésor en 1996. Il a ensuite été, de 2002 à 2007, directeur adjoint du cabinet des ministres des Finances du second mandat de Jacques Chirac, parmi lesquels Nicolas Sarkozy et Thierry Breton.
Parti dans le secteur privé, chez Bank of America (NYSE:) Merrill Lynch, de 2007 à 2014, ce polytechnicien rejoint ensuite Schneider Electric, d’abord en tant que responsable des activités françaises, puis des opérations internationales. Luc Rémont a aussi présidé Gimélec, le syndicat des entreprises de la filière électronumérique française, de 2015 à 2017.
Militaire de réserve et père de quatre enfants, le futur patron d’EDF est par ailleurs un grand amateur de voile.
REDRESSER LA PRODUCTION NUCLÉAIRE, PRIORITÉ À COURT TERME
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a d’ores-et-déjà fixé la feuille de route du futur PDG d’EDF à court terme: redresser la production du parc nucléaire de l’entreprise, pénalisée par des opérations de maintenance et des problèmes de corrosion.
Luc Rémont devra donc dans un premier temps s’assurer que le groupe remet en service suffisamment de réacteurs pour répondre au mieux à la demande l’hiver prochain, dans un contexte de crise énergétique européenne alimentée par la Russie et aggravée ces derniers mois par la disponibilité historiquement basse des centrales françaises.
« Ce que nous attendons d’EDF en priorité absolue, c’est la remise en route des réacteurs qui aujourd’hui sont l’objet de corrosion sous contrainte », a ainsi déclaré Bruno Le Maire. « C’est de cette capacité d’EDF à remettre en route ses réacteurs que va dépendre notre capacité à passer un hiver serein. »
NATIONALISATION ET RÉGULATION, AUTRES GRANDS CHANTIERS
Luc Rémont devra aussi accompagner le projet de renationalisation complète d’EDF, le gouvernement français ayant annoncé son intention de monter à 100% du capital du groupe – qu’il détient déjà à 83,7% – pour un montant de 9,7 milliards d’euros.
L’opération doit passer par une offre publique d’achat, qui devait initialement être lancée début septembre mais qui a pris du retard.
Cette renationalisation doit donner à l’exécutif les coudées franches pour diriger EDF en pleine crise, le groupe ayant lancé de multiples avertissements sur ses résultats liés la baisse de sa production nucléaire et aux décisions de l’Etat pour limiter les tarifs de l’électricité.
Par la suite, le nouveau PDG d’EDF devra travailler avec le gouvernement pour obtenir de Bruxelles non seulement une nouvelle régulation du parc nucléaire français existant mais aussi un cadre permettant de financer la construction de nouveaux EPR promis par Emmanuel Macron.
À PLUS LONG TERME, QUELLE ORGANISATION POUR EDF ?
Les syndicats redoutent que la renationalisation d’EDF ne soit que le prélude à un nouveau projet de réorganisation d’ampleur. Le précédent – nommé « Hercule » – a été abandonné face aux exigences de Bruxelles et à la forte opposition suscitée par l’éventualité d’un redécoupage du groupe qui aurait abouti, selon ses opposants, à un démantèlement.
Les premiers contacts de Luc Rémont avec les syndicats risquent d’être décisifs et le nouveau PDG devra « porter le dialogue social matin, midi et soir », estime-t-on de source parlementaire.
Alors qu’une direction bicéphale était initialement envisagée pour EDF, le fait que Luc Rémont cumule finalement les fonctions de président et de directeur général laisse sceptique une source syndicale: « Avec les pleins pouvoirs, sans aucune connaissance du nucléaire (…), ça va être chaud. (C’est) un pur produit de Bercy aux commandes d’un géant industriel. »
(Reportage Benjamin Mallet, avec Mathieu Rosemain ; édité par Marc Angrand)