Prévisions BCE : Conflit en Ukraine ou hausse des taux, qui a la priorité ?
14.04.2022 11:57
Investing.com – On attend avec impatience la décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne qui sera annoncée aujourd’hui à 13h45 CEST, les traders essayant de comprendre quel effet le conflit en Ukraine aura sur la trajectoire des taux d’intérêt de l’Eurotower. De plus amples informations à ce sujet seront peut-être fournies lors de la conférence de presse du président Lagarde, prévue à 14h30 CEST.
« La prochaine étape de la politique monétaire de la BCE ne sera pas un relèvement des taux, mais plutôt la conclusion du programme d’achat net d’obligations ; de toute évidence, il y a trop peu de temps pour que cela se produise lors de cette réunion », écrit Sylvain Broyer, économiste en chef EMEA chez S&P Global Ratings, dans une note.
La BCE a déjà précisé dans quelle mesure le programme d’achat d’obligations sera réduit d’ici la fin du deuxième trimestre, mais sans donner d’indication sur une éventuelle fin du programme d’ici le troisième trimestre, « une prérogative pour les hausses de taux », souligne M. Broyer.
Pour l’économiste, « il y a trois facteurs qui ne s’atténueront pas cette semaine et qui feront que la BCE ne prendra pas cette décision. Il s’agit plus précisément d’un resserrement significatif des conditions de prêt depuis la dernière réunion, de données économiques qui ne reflètent pas encore l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie et, enfin, des doutes croissants exprimés par les membres du Conseil des gouverneurs sur la possibilité que l’inflation revienne sous la cible de 2 % d’ici 2024, comme l’estiment actuellement les services de la banque. «
Plus de réponses seront donc données lors de la réunion de juin, souligne l’expert de S&P, « y compris de nouvelles prévisions d’inflation ». La poursuite du programme d’achat net d’obligations pendant un mois supplémentaire pourrait contribuer à « freiner l’envolée des rendements à long terme », les obligations allemandes à 10 ans ayant augmenté d’environ 90 points de base depuis la dernière réunion en mars.
« Actuellement, la courbe des taux de l’euro est plus raide que ses sommets de 2019, un facteur qui va à l’encontre de l’inversion de la courbe des taux américains, alors que l’impact de la guerre est beaucoup plus évident sur l’économie européenne que sur l’économie américaine », souligne Broyer.
Pour Jeffrey Halley, analyste senior chez Oanda, la position de la BCE « est compliquée », c’est pourquoi elle laissera les taux directeurs inchangés, mais « réitérera la réduction prévue du programme d’achat d’actifs ». (APP) ».
Le marché, selon l’analyste, « est impatient de savoir si la BCE signalera la priorité de soutenir l’économie pendant le conflit ukrainien sur l’augmentation des pressions inflationnistes, ou si elle prépare le terrain pour des hausses de taux d’ici la fin de l’année. »
« Dans le premier cas, l’EUR/USD maintiendra les niveaux actuels, tandis que la deuxième option pourrait initier un squeeze court décent sur la monnaie unique pendant le week-end », conclut Halley.