Pour remporter les législatives, Macron déroule des mesures anti-inflationnistes
10.06.2022 14:40
Emmanuel Macron compte sur un nouveau train de mesures de lutte contre l’inflation pour obtenir une majorité aux élections législatives, la question du pouvoir d’achat des ménages étant au cœur des débats de son nouveau quinquennat. /Photo prise le
par Leigh Thomas
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron compte sur un nouveau train de mesures de lutte contre l’inflation pour obtenir une majorité aux élections législatives, la question du pouvoir d’achat des ménages étant au cœur des débats de son nouveau quinquennat.
Avec une inflation galopante qui fait grimper le coût de la vie, le président français a du mal à tirer parti de sa victoire à l’élection présidentielle d’avril contre Marine Le Pen, qui avait également fait de ce thème un enjeu majeur de sa campagne.
La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), une alliance inédite de gauche menée par Jean-Luc Mélenchon, menace la confédération présidentielle à l’approche du scrutin à deux tours des 12 et 19 juin, d’une possible cohabitation.
Pour se démarquer, Emmanuel Macron a contre-attaqué avec des promesses de nouvelles aides, de hausses des retraites et d’allègements fiscaux pour aider les ménages en difficulté.
« Je vous invite à choisir la protection de votre pouvoir d’achat, de vos économies autant que la protection du pays à l’avenir. C’est pourquoi à mes yeux dès le 12 juin il nous faut suivre le chemin de la cohérence, de la compétence et la confiance », a déclaré Emmanuel Macron jeudi dans le Tarn.
La Première ministre Elisabeth Borne a promis mardi une revalorisation exceptionnelle des retraites de 4% en juillet, en plus de la hausse annuelle.
Elle a également annoncé que des plans étaient en cours d’élaboration pour un nouveau chèque alimentaire qui sera versé directement aux personnes dans le besoin, en plus des autres aides déjà existantes pour mitiger l’inflation.
Des promesses ont également été faites pour augmenter les salaires du secteur public, qui stagnent depuis longtemps, mais le gouvernement n’a pas encore dévoilé ses intentions.
Emmanuel Macron s’est également engagé à supprimer la redevance audiovisuelle, une taxe annuelle fixée à 138 euros en France métropolitaine, ce qui, selon le ministre de l’Action et des Comptes publics Gabriel Attal, coûtera 3,2 milliards d’euros.
Après que les prix à la pompe ont atteint un nouveau record la semaine dernière, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a promis de maintenir une remise de 18 centimes par litre d’essence jusqu’en août.
Les coûts des aides gouvernementales augmentant rapidement, Bruno Le Maire a déclaré que le rabais serait progressivement remplacé après par une mesure ciblée sur les gros rouleurs.
HAUSSE DES PRIX
Ces dernières mesures viennent s’ajouter à un ensemble d’aides existantes – les plus généreuses en Europe selon les économistes – destinées à aider les ménages.
Le gouvernement a déjà mobilisé 25 milliards d’euros, soit 1,2% du PIB, pour stimuler le pouvoir d’achat, notamment en plafonnant les prix du gaz et de l’électricité.
Ce train de mesures a permis de maintenir le pic d’inflation en France à un niveau inférieur à celui de tous les autres pays de la zone euro, à l’exception de Malte, même s’il a néanmoins atteint le niveau record de 5,8% en mai.
Les nouvelles mesures anti-inflation sont susceptibles d’équivaloir à 0,4 point de PIB supplémentaire, portant la facture totale à environ 40 milliards d’euros, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Les économistes sont cependant à l’aise avec la pression croissante sur les finances publiques, même si le déficit budgétaire de 5% anticipé par le gouvernement devrait être plus élevé cette année.
« Est-ce que c’est une bonne politique de ne pas réduire rapidement le déficit structurel ? Je pense que soutenir la croissance et l’emploi par des mesures est une bonne réponse à la crise », a déclaré Xavier Ragot, directeur de l’OFCE.
(Reportage Leigh Thomas; version française Kate Entringer)