Netanyahu laisse entendre que des négociations sont en cours pour les otages
17.12.2023 16:35
© Reuters. De la fumée s’élève dans le nord de la bande de Gaza après une frappe aérienne, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, vue depuis le sud d’Israël. /Photo prise le 14 décembre 2023/REUTERS/Amir Cohen
(Répétition sans changement dans le texte)
JERUSALEM/LE CAIRE/GAZA (Reuters) – Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a laissé entendre samedi que de nouvelles négociations étaient en cours pour récupérer la centaine d’otages encore aux mains du Hamas, alors que les bombardements ont continué dans la bande de Gaza.
Lors d’une conférence de presse télévisée au lendemain de la mort de trois otages abattus par erreur par les forces israéliennes, le chef du gouvernement a qualifié le conflit de Gaza de « guerre existentielle » devant être menée jusqu’à la victoire, malgré les pressions et les coûts.
Benjamin Netanyahu a pris la parole après une rencontre entre le chef de l’agence d’espionnage israélienne du Mossad, David Barnea, et le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al Thani en Europe vendredi soir, selon une source proche du dossier.
Le Premier ministre a éludé une question relative à cette réunion, affirmant qu’il ne divulguerait pas d’informations susceptibles d’être utilisées par le Hamas.
Israël a de nouveau bombardé Gaza samedi, mais selon deux sources de sécurité égyptiennes, les responsables israéliens semblaient désormais plus disposés à oeuvrer en faveur d’un cessez-le-feu et d’un échange de prisonniers palestiniens contre des otages israéliens détenus par le Hamas.
Selon un responsable militaire israélien, les trois otages tués par erreur par l’armée israélienne à Gaza brandissaient un drapeau blanc, selon les premiers éléments de l’enquête.
MANIFESTATION À TEL AVIV
Alors que Netanyahu parlait, plusieurs centaines de personnes manifestaient à Tel Aviv en faveur des otages. « Sortez-les de l’enfer », pouvait-on lire sur une pancarte. « Ramenez-les à la maison maintenant ! », a crié un manifestant.
La réunion organisée en Europe était apparemment la première entre de hauts responsables d’Israël et du Qatar, qui joue le rôle de médiateur depuis la rupture du cessez-le-feu de fin novembre, qui a duré sept jours et permis la libération de dizaines d’otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens détenus en Israël.
Des dizaines de Palestiniens ont été tués ou blessés samedi par des frappes aériennes israéliennes à Gaza, malgré un nouvel appel des États-Unis à freiner la campagne militaire et à cibler les dirigeants du Hamas.
À Khan Younis, dans le sud, les autorités sanitaires palestiniennes ont déclaré que l’hôpital Nasser avait accueilli 20 Palestiniens tués dans des frappes aériennes nocturnes, ainsi que des dizaines de blessés, dont des femmes et des enfants.
Elles ont également indiqué que les frappes israéliennes sur la ville de Gaza, dans le nord, avaient touché le siège de la YMCA, qui abrite des centaines de personnes déplacées, et ont fait état de plusieurs morts et blessés.
Selon l’agence de presse officielle WAFA, au moins trois douzaines de personnes ont été tuées lors de frappes sur trois maisons du camp de réfugiés de Jabalia, ce que les responsables de la santé n’ont pas été en mesure de confirmer.
Le ministère de la santé de Gaza a déclaré que l’offensive terrestre d’Israël et le ciblage des installations médicales avaient rendu difficile la collecte d’informations sur les victimes dans le nord de la bande de Gaza.
Les secouristes pensent que des victimes sont encore ensevelies sous les décombres dans certaines zones.
Les habitants de Gaza ont également fait état de combats et de bombardements intenses à Sheijaia, Sheikh Radwan, Zeitoun, Tuffah et Beit Hanoun dans le nord, ainsi que dans le centre, l’est et le nord de Khan Younis.
« CHAQUE JOUR, LA SITUATION EMPIRE »
L’armée israélienne a indiqué samedi avoir bombardé un bâtiment à Jabalia depuis les airs après que ses forces ont essuyé des tirs et que des militants du Hamas ont été vus sur le toit.
Elle a également déclaré avoir tué des militants retranchés dans deux écoles de la ville de Gaza et effectué une descente dans des appartements de Khan Younis où se trouvaient des armes, découvrant ce qu’elle a décrit comme une infrastructure souterraine utilisée par les militant du Hamas.
« Chaque jour, la situation empire. La nourriture diminue, l’eau se détériore, mais la mort, la peur et la destruction augmentent », a déclaré Samira, 40 ans, mère de quatre enfants, déplacée à Rafah, près de la frontière avec l’Égypte.
« Je ne peux plus m’occuper de mes enfants. Ils sont terrifiés et moi aussi. Chaque nuit, nous pensons que c’est peut-être notre dernière nuit. Les bombardements ne s’arrêtent pas », a-t-elle déclaré à Reuters par téléphone.
Face à l’intensité des combats à Gaza et à la crainte d’une catastrophe humanitaire, les États-Unis ont déclaré qu’Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en menant des frappes aériennes « sans discernement ».
Lors de l’attaque surprise du 7 octobre, les militants du Hamas ont tué 1.200 personnes et fait 240 otages. La contre-attaque israélienne a fait près de 19.000 morts, selon les autorités sanitaires de Gaza, et des milliers de personnes pourraient être ensevelies sous les décombres.
Israël pense qu’une vingtaine des 130 personnes encore détenues à Gaza ont trouvé la mort.
Signe des ramifications plus larges du conflit, les Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont déclaré avoir attaqué la station balnéaire israélienne d’Eilat, sur la mer Rouge, avec une nuée de drones, l’un des nombreux incidents signalés dans la région samedi.
La plupart des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été chassés de chez eux ces deux derniers mois.
L’agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a déclaré avoir accueilli 1,4 million de personnes dans ses installations, surpeuplées.
(Reportage Nidal al-Mughrabi au Caire, Shani et Fadi Shana à Gaza, Dan Williams, Henriette Chacar, Ari Rabinovitch et Frank Jack Daniel à Jérusalem, Andrea Shalal, Jeff Mason et Eric Beech à Washington ; version française Benjamin Mallet et Elizabeth Pineau)