Moscou procède à des exercices nucléaires, après ses accusations de « bombe sale »
26.10.2022 22:32
© Reuters. Le président russe Vladimir Poutine s’adresse aux chefs des agences de sécurité et de renseignement des États membres de la Communauté des États indépendants (CEI) via une liaison vidéo à Moscou, en Russie. /Photo prise le 26 octobre 2022/REUTERS
par Jonathan Landay
AU NORD DE KHERSON, Ukraine (Reuters) – La Russie a procédé mercredi à des exercices de dissuasion nucléaire impliquant sous-marins, bombardiers stratégiques et missiles balistiques, sur fond de mises en garde de Moscou sur un risque d' »escalade incontrôlée » de la guerre en Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine a supervisé à distance ces manoeuvres annuelles, baptisées « Tonnerre » (« Grom » en russe) et destinées à vérifier l’état de préparation des capacités de riposte de la Russie en cas d’attaque nucléaire.
Les tirs d’essai de missiles balistiques intercontinentaux capables d’emporter des ogives nucléaires et de missiles de croisière par des bombardiers TU-95M ont été menés avec succès, a déclaré le chef d’état-major russe Valeri Guerassimov.
Le Pentagone a fait savoir mardi que Moscou l’avait informé de son intention de mener ces exercices, qui coïncident avec des manoeuvres de dissuasion nucléaire de l’Otan et s’inscrivent dans un contexte de tension exacerbé par les accusations de Moscou, réitérées mercredi par Vladimir Poutine, selon lesquelles l’Ukraine envisagerait de recourir à une « bombe sale » – des explosifs conventionnels chargés de matériaux radioactifs.
Des accusations sans preuve rejetées en bloc par Kyiv et les Occidentaux, qui soupçonnent le Kremlin de « préparer les esprits à une nouvelle aggravation du conflit en Ukraine », comme l’a déclaré lundi le département d’Etat américain.
DANS LES TRANCHÉES AU NORD DE KHERSON
Sur le champ de bataille, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses forces avaient repoussé des attaques de l’armée ukrainienne dans le sud et l’est de l’Ukraine.
Oleksi Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense, a déclaré que le temps humide et la nature du terrain rendaient plus difficile la contre-offensive des forces ukrainiennes dans la région de Kherson (sud) que dans le Nord-Est, où les troupes russes ont été repoussées sur des dizaines de kilomètres en septembre.
Selon des soldats ukrainiens interrogés sur la ligne de front au nord de Kherson, les troupes russes dans le secteur renforcent leurs positions autour de la capitale provinciale.
Leur unité contrôle un réseau de tranchées creusées dans trois directions face aux lignes russes. Les pluies récentes ont transformé en boue les pistes de terre qu’il faut emprunter pour y accéder.
« Les médias disent que les Russes ont peur et vont retirer leurs troupes mais c’est faux », explique le commandant de l’unité, qui se fait surnommer « Nikifor ».
« Ils sont très actifs dans cette zone. Ils bombardent tous les jours, construisent des tranchées et préparent leur défense », ajoute-t-il.
Des officiers ukrainiens déclarent que d’après des messages radio interceptés, des conscrits russes nouvellement mobilisés ont été déployés sur le front. Ils observent que les pilonnages russes ont repris avec intensité récemment après avoir nettement diminué plus tôt dans le mois.
(Avec bureaux de Reuters, rédigé par Andrew Osborn, version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot)