L’Ukraine envoie des renforts dans Sievierodonetsk assiégée par les Russes
22.06.2022 20:02
L’armée ukrainienne envoie des renforts à Sievierodonetsk, ville du Donbass que Moscou dit avoir encerclée et pilonne quotidiennement, a pu constater un photographe indépendant qui s’est rendu sur place récemment aux côtés des forces de Kyiv. /Phot
(Reuters) – L’armée ukrainienne envoie des renforts à Sievierodonetsk, ville du Donbass que Moscou dit avoir encerclée et pilonne quotidiennement, a pu constater un photographe indépendant qui s’est rendu sur place récemment aux côtés des forces de Kyiv.
La Russie a adressé la semaine dernière un ultimatum aux soldats ukrainiens retranchés dans l’agglomération, leur sommant de se rendre après la destruction du dernier pont enjambant la rivière Donets qui reliait Sievierodonetsk aux territoires tenus par l’Ukraine.
Le photographe freelance Oleksandr Ratouchniak a toutefois accompagné ces derniers jours des renforts ukrainiens jusque dans la ville. Il a filmé des soldats traversant la Donets sur une embarcation gonflable ou combattant dans les ruines de la zone industrielle.
Il a dit être entré à Sievierodonetsk avec le bataillon Svoboda et avoir séjourné deux nuits dans la ville, la plus grande encore au moins partiellement aux mains de l’Ukraine dans la province de Louhansk.
L’armée russe s’est fixé pour objectif de s’emparer de l’ensemble du territoire des provinces de Louhansk et Donetsk, en partie contrôlées par les séparatistes pro-russes depuis 2014, et qui forment toutes les deux la région du Donbass.
Sur la ligne de front, les soldats ukrainiens actionnent le canon d’un char puis se replient dans une cave pour se protéger des explosions provoquées par le camp adverse. Une journée ordinaire, disent-ils.
Ils ajoutent qu’ils ne voient que rarement des militaires russes s’approcher et qu’ils passent de longs moments sans échanger de tirs à l’arme légère. La bataille est avant tout une bataille d’artillerie.
Sievierodonetsk, qui comptait quelque 100.000 habitants avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, abrite encore entre 7.000 et 8.000 civils car il est trop dangereux de partir, a déclaré le maire de la ville, Oleksandr Stryouk, à la télévision ukrainienne.
« Les soldats partagent les médicaments avec eux », a-t-il dit. « Les destructions ont augmenté. Comme la ligne de front traverse la vieille ville, cette partie est désormais en ruines. Les Russes détruisent les fondations des bâtiments. »
Le gouverneur de la province de Louhansk affirme cependant que les troupes ukrainiennes pourraient résister.
« C’est une petite ville – 4 km sur 4 – mais après quatre mois, (les Russes) n’arrivent pas à la capturer », a déclaré Serhiy Gaidai à la télévision.
(Reportage Simon Lewis, Max Hunder et Pavel Polityuk; rédigé par Jean-Stéphane Brosse, édité par Bertrand Boucey)