L’UE cherche à rassurer les Balkans occidentaux face à la Russie
06.12.2022 19:18
© Reuters. Le président du Conseil européen, Charles Michel, s’exprimant lors d’une conférence de presse au sommet UE-Balkans occidentaux à Tirana, en Albanie. /Photo prise le 6 décembre 2022/REUTERS/Florion Goga
par Fatos Bytyci et Sabine Siebold
TIRANA (Reuters) – Les dirigeants de l’Union européenne et des Balkans se sont réunis mardi à Tirana, la capitale albanaise, pour un sommet visant à rassurer la région sur son intégration à terme au sein du bloc communautaire, sur fond d’influence croissante de la Russie et de la Chine.
Si elle n’a débouché que sur quelques résultats concrets, la réunion, qui s’est tenue dans un climat plus apaisé que précédemment, a laissé entrevoir l’espoir de progrès lors du sommet européen des 15 et 16 décembre.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a dit espérer qu’un « signal positif » serait alors adressé à la Bosnie, qui attend le statut de pays candidat à l’UE.
Olaf Scholz a quant à lui jugé nécessaire la libéralisation des visas pour le Kosovo.
Le chancelier allemand a affirmé qu' »une nouvelle dynamique inclusive » était à l’oeuvre et que « le scepticisme formulé il y a quelques années par plusieurs pays membres s’était transformé en une volonté d’avancer » activement sur la question de l’intégration.
A l’issue de la réunion, les Vingt-Sept ont réaffirmé « leur engagement total et sans équivoque » en faveur de la perspective d’une adhésion des Balkans à l’UE et appelé à l’accélération du processus d’adhésion ».
Les dirigeants de l’Albanie, de la Bosnie, du Kosovo, de la Macédoine du Nord, du Monténégro et de la Serbie, déplorent depuis longtemps le fait qu’aucune négociation n’ait commencé ou ne progresse sur leur adhésion à l’UE, promise pour certains il y a des années.
La question d’un nouvel élargissement de l’UE divise les pays membres mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie les conduit à vouloir renforcer les liens avec la région, ce dont s’est félicité le Premier ministre albanais Edi Rama.
« Le progrès accompli ces dernières années, sans aucun doute aussi parce que la guerre (en Ukraine) a été un accélérateur, est immense », a-t-il estimé.
« Plus que jamais depuis l’agression russe en Ukraine, les Balkans occidentaux, qui avaient été oubliés par l’Europe, sont reconnus comme la région où s’étend le conflit géopolitique », a renchéri le Premier ministre slovène, Robert Golob.
« L’intégration de la région est importante pour la stabilité de l’Europe dans tous ses aspects », a-t-il dit à la presse.
« IL N’Y A PAS DE RACCOURCI »
En marge de la réunion, l’UE a présenté une nouvelle proposition pour la normalisation des liens entre le Kosovo et la Serbie avec un calendrier d’action défini, a déclaré un haut diplomate de l’UE.
Les opérateurs télécoms au sein de l’UE ont également accepté de réduire les frais d’itinérance dans la région à partir d’octobre 2023 et Bruxelles a promis 1 milliard d’euros de subventions pour l’énergie.
La présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, a annoncé de son côté que son pays, ancienne province serbe dont l’indépendance est rejetée par Belgrade, soumettrait une demande d’adhésion à l’Union européenne d’ici la fin de l’année, s’engageant à participer aux pourparlers parrainés par Bruxelles avec la Serbie pour résoudre les différends en suspens.
Critiqué par l’UE pour le maintien de relations fortes avec la Russie, le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré que son pays était « sur le chemin de l’UE » tout en défendant la nécessité de protéger les intérêts de la Serbie. « La Serbie est-elle trop proche de la Russie ? La Serbie est un pays indépendant », a-t-il dit.
« Les Balkans occidentaux ont décidé de s’engager sur la voie européenne. C’est une voie à deux sens, et nous attendons aussi que la région obtienne des résultats sur des réformes clés et manifeste la volonté d’embrasser l’ambition et l’esprit européens. Beaucoup le font, mais nous voyons aussi des hésitations », a commenté le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
« Nous savons qu’il y a des progrès, et le désir de progresser plus rapidement (…) mais il n’y a pas de raccourci », a quant à lui prévenu le Premier ministre belge Alexander De Croo.
(Avec la contribution de Daria Sito-Sucic, Benoît Van Overstraeten, Ingrid Melander, Sudip Kar-Gupta, Andreas Rinke; version française Jean-Stéphane Brosse)