L’UE appelle à la création de « couloirs humanitaires » à Gaza
26.10.2023 22:22
© Reuters. Un centre de tri d’aide géré par l’ONU à Khan Younis, sur la bande de Gaza. /Photo prise le 26 octobre 2023/REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa
par Andrew Gray et Jan Strupczewski
BRUXELLES (Reuters) – Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne sont convenus jeudi en sommet d’appeler à la mise en place de « couloirs humanitaires et de pauses » dans le conflit entre Israël et le Hamas afin de permettre l’acheminement d’aides à la population de Gaza, où la crise humanitaire s’est aggravée.
« Le Conseil européen exprime sa forte préoccupation à propos de la dégradation de la situation humanitaire à Gaza et appelle à des accès humanitaires continus, rapides, sûrs et sans entrave, et à de l’aide à destination de ceux dans le besoin », est-il écrit dans un communiqué approuvé par les dirigeants européens, qui demandent « toutes les mesures nécessaires » dont des couloirs humanitaires et des pauses dans le conflit.
Il s’agit de la première réunion physique des dirigeants du bloc communautaire depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël. L’Etat hébreu mène depuis lors une campagne de bombardements massifs dans la bande de Gaza, zone majoritairement urbaine et densément peuplée.
Les pays de l’UE ont tous fermement condamné l’attaque du Hamas mais divergeaient sur la formulation à adopter face à la crise humanitaire en cours dans la bande de Gaza.
Des pays comme la France, les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal et l’Irlande appuyaient les appels pressants des Nations unies à une pause des combats pour des raisons humanitaires.
Mais d’autres comme l’Allemagne, la République tchèque et l’Autriche objectaient qu’une telle formulation pourrait limiter le droit d’Israël à se défendre et permette au Hamas de regrouper ses forces, selon des diplomates.
Un compromis trouvé en amont du sommet de Bruxelles appelait à « des pauses », au pluriel, laissant penser à de courtes pauses dans les combats afin de permettre des missions spécifiques – comme la libération d’otages ou le passage de convois humanitaires – plutôt que la mise en place d’un cessez-le-feu formel.
« L’Union européenne travaillera étroitement avec ses partenaires dans la région pour protéger les civils, fournir de l’assistance et faciliter l’accès à la nourriture, l’eau, les soins médicaux, le carburant et les abris, en s’assurant que cette aide ne sera pas détournée par les organisations terroristes », est-il dit dans le communiqué.
CONTINUER À SOUTENIR L’UKRAINE
Bien que l’influence de l’Union européenne sur le conflit soit limitée, les responsables craignent qu’une escalade ait de graves conséquences pour l’Europe.
Certains dirigeants européens, comme le président français Emmanuel Macron ou le chancelier allemand Olaf Scholz, se sont rendus ces derniers jours au Proche-Orient afin de manifester leur solidarité envers Israël et d’appuyer les efforts diplomatiques pour empêcher un embrasement régional.
« Notre réunion intervient alors que l’instabilité et l’insécurité au niveau international sont grandes, (et qu’elles ont été) récemment exacerbées par les développements au Moyen-Orient », a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen, dans une lettre d’invitation au sommet.
« Ces développements requièrent notre attention, sans toutefois nous détourner de notre soutien à l’Ukraine. »
Le président ukrainien Volodimir Zelensky s’exprimera par visioconférence, alors que le soutien à Kyiv devrait occuper la première place dans la déclaration du Conseil européen.
Au cours de ce sommet, les dirigeants des pays de l’UE doivent examiner pour la première fois des propositions concernant le versement d’une aide financière de 50 milliards d’euros et d’une aide militaire de 20 milliards d’euros à l’Ukraine sur une période de quatre ans.
Aucune décision sur cette question n’est toutefois attendue de suite, ces plans entrant dans le cadre de discussions plus larges relatives au budget, discussions que les responsables espèrent conclure d’ici la fin de l’année.
(Reportage Andrew Gray et Jan Strupczewski, avec la contribution de Julia Payne, Philip Blenkinsop; version française Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault et Jean Terzian)