L’Iran reconnaît avoir livré des drones à la Russie avant la guerre, Kyiv affirme que Téhéran ment
06.11.2022 14:51
© Reuters. Photo d’archives de drones lors d’un exercice militaire dans un lieu non divulgué en Iran. /Image obtenue le 24 août 2022/Armée iranienne/WANA (West Asia News Agency)/via REUTERS
(Reuters) – L’Iran a reconnu pour la première fois samedi avoir fourni des drones à Moscou, mais a précisé qu’ils avaient été envoyés avant la guerre en Ukraine, où la Russie les a utilisés pour cibler des centrales électriques et des infrastructures civiles.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, a déclaré qu’un « petit nombre » de drones avait été expédié quelques mois avant l’invasion russe du 24 février.
Le président ukrainien Volodimir Zelensky a accusé Téhéran de mensonge, affirmant que les forces de Kyiv abattaient au moins dix de ces drones par jour.
Hossein Amirabdollahian a par ailleurs nié que Téhéran continue de fournir des drones à Moscou.
« Ce tapage fait par certains pays occidentaux selon lequel l’Iran aurait fourni des missiles et des drones à la Russie pour l’aider dans la guerre en Ukraine – la partie concernant les missiles est complètement fausse », a-t-il dit, cité par l’agence de presse officielle IRNA.
« La partie concernant les drones est vraie et nous avons fourni à la Russie un petit nombre de drones quelques mois avant la guerre en Ukraine », a-t-il ajouté.
Ces dernières semaines, l’Ukraine a signalé une recrudescence des attaques de drones contre des infrastructures civiles, visant notamment des centrales électriques et des barrages, à l’aide de drones Shahed-136 de fabrication iranienne. La Russie, de son côté, nie l’utilisation de drones iraniens pour attaquer l’Ukraine.
Dans une allocution vidéo, Volodimir Zelensky a affirmé que l’Ukraine avait abattu 11 drones au cours de la seule journée de vendredi.
« Si l’Iran continue de mentir sur l’évidence, cela signifie que le monde fera encore plus d’efforts pour enquêter sur la coopération terroriste entre les régimes russe et iranien et sur ce que la Russie paie à l’Iran pour cette coopération », a-t-il déclaré.
Séparément, l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Iran, Robert Malley, a tweeté qu’il était faux que l’Iran n’a envoyé que quelques drones.
« Ils ont transféré des dizaines de drones juste cet été et ont du personnel militaire en Ukraine occupée qui aide la Russie à les utiliser », a-t-il déclaré.
Volodimir Zelensky, qui n’a cessé de presser les alliés de fournir davantage de moyens de défense contre les avions et les missiles, a déclaré qu’il s’attendait à de « bonnes nouvelles » dans les semaines à venir, mais n’a donné aucun détail. Kyiv, a-t-il ajouté, lancera la semaine prochaine une campagne de collecte de fonds pour acheter des drones marins.
Le mois dernier, deux hauts responsables iraniens et deux diplomates iraniens ont déclaré à Reuters que l’Iran avait promis de fournir à la Russie des missiles surface-surface, en plus de davantage de drones.
Selon Hossein Amirabdollahian, cité par IRNA, Téhéran et Kyiv devaient discuter des allégations concernant l’utilisation de drones iraniens, mais que les Ukrainiens ne se sont pas présentés aux discussions.
Dans une réponse publiée sur Facebook (NASDAQ:), le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, a déclaré qu’Hossein Amirabdollahian répandait des « insinuations sur un prétendu refus de la partie ukrainienne ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères a répété que Téhéran « ne resterait pas indifférent » s’il était prouvé que la Russie avait utilisé ses drones contre l’Ukraine.
Le mois dernier, l’Union européenne a adopté de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran concernant les livraisons de drones, et la Grande-Bretagne a imposé des sanctions à trois personnalités militaires iraniennes et à un fabricant de matériel de défense.
(Reuters, avec la contribution de Dan Peleschuk et David Ljunggren ; version française Kate Entringer)