L’Europe finit dans le vert, les craintes d’une forte hausse de taux refluent
22.07.2022 20:09
Les Bourses européennes ont terminé en légère hausse vendredi. À Paris, le CAC 40 a fini sur un gain de 0,25%. Le Footsie britannique a avancé de 0,14% et le Dax allemand de 0,05%. La Bourse de Milan a gagné 0,22%. /Photo d’archives/Toby Melville
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes ont terminé en légère hausse vendredi à la faveur d’une forte baisse des rendements obligataires après la contraction surprise de l’activité dans le secteur privé ce mois-ci, tandis que Wall Street évoluait dans le rouge à mi-séance dans un contexte de résultats mitigés des entreprises.
À Paris, le CAC 40 a fini sur un gain de 0,25% à 6.216,82 points. Le Footsie britannique a avancé de 0,14% et le Dax allemand de 0,05%.
La Bourse de Milan a gagné 0,22% malgré la décision du président Sergio Mattarella de dissoudre le Parlement au lendemain de l’éclatement de la coalition de Mario Draghi qui gouvernait depuis février 2021.
L’indice EuroStoxx 50 a pris 0,11%, le FTSEurofirst 300 0,26% et le Stoxx 600 0,4%.
Sur l’ensemble de la semaine, l’indice parisien a gagné 2,99% et le Stoxx 600 paneuropéen 2,97%.
La tendance positive en Europe a été soutenue par les valeurs défensives et l’espoir d’une politique monétaire moins agressive que prévu, l’activité dans le secteur privé de la zone euro s’étant contractée contre toute attente en juillet avec un indice PMI composite tombé à 49,4 en première estimation après 52,0 en juin et un consensus Reuters à 51,0.
Au Royaume-Uni, la croissance de l’activité privée est, elle, tombée au plus bas en 17 mois avec un indice PMI composite « flash » en recul à 52,8.
Selon les analystes, ces nouvelles données suggèrent que la zone euro est déjà entrée en récession ou est en passe de l’être, ce qui obligerait la Banque centrale européenne à modérer le rythme futur de la hausse de ses taux au lendemain d’un relèvement du coût du crédit de 50 points de base.
Sur les marchés obligataires, le rendement du Bund allemand à dix ans est passé vendredi brièvement sous les 1%, alors que la Bundesbank s’attend à une croissance moins importante que prévu au troisième trimestre.
« L’attention du marché est passée des inquiétudes sur l’inflation à celles sur la croissance, avec le sentiment que les mauvaises nouvelles redeviennent de bonnes nouvelles », écrit Barclays (LON:BARC), ajoutant que les résultats décevants des entreprises, les données économiques et la crise politique en Italie « compliquent le travail d’une BCE plus restrictive ».
VALEURS
Le compartiment défensif de l’immobilier, en hausse de 4,28%, au plus haut depuis le 10 juin, a enregistré la meilleure progression du Stoxx 600, tandis que les banques, en repli de 1,2%, ont accusé la plus forte baisse, en réaction au recul des rendements obligataires.
Aux valeurs, Publicis (EPA:PUBP), qui avait déjà bondi la veille de 5,05% à la faveur du relèvement de ses prévisions annuelles, a pris encore 1,53% avec le changement de recommandation de JPMorgan (NYSE:JPM) à « surpondérer » sur la valeur. Son concurrent britannique WPP (LON:WPP) a avancé de 0,20%, tandis que le compartiment des médias a gagné 0,51%.
Dans le rouge, Ubisoft (EPA:UBIP) a perdu 1,34% après avoir annoncé le report de la sortie du jeu « Avatar : Frontier of Pandora » à l’occasion de la publication de son chiffre d’affaires du premier trimestre.
Danske Bank a reflué de 2,16% et le fabricant suisse d’ascenseurs Schindler de 3,87% en réaction à l’abaissement de leurs prévisions annuelles.
Uniper a plongé de 28,9% malgré l’annonce de son renflouement.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,21%, le Standard & Poor’s 500 cède 0,68% et le Nasdaq 1,56%.
Les résultats jugés décevants de Snap (NYSE:SNAP) (-38,68%) et de Twitter (NYSE:TWTR) (-0,88%), qui entraînent dans leur sillage d’autres géants du secteur technologique comme Meta Platforms (NASDAQ:META) (-7,24%) et Alphabet (NASDAQ:GOOGL) (-5,19%), pèsent sur le Nasdaq.
A l’opposé, American Express, en hausse de 2,85% après le relèvement de sa prévision de croissance annuelle, offre un peu de soutien au Dow.
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont fini en net repli après les données sur l’activité privée: le taux du Bund allemand à dix ans a perdu environ 20 points de base à 1,023% après être tombé brièvement en séance sous les 1% pour la première fois depuis le 30 mai.
Son équivalent français de même échéance a également abandonné près de 20 points à 1,622%.
« Je pense qu’il est assez clair que le marché s’inquiète de plus en plus d’une récession dans la zone euro cet hiver: l’activité est déjà en train de chuter d’une falaise et ce avant une éventuelle coupure du gaz russe en hiver », a commenté Michael Brown, responsable marchés chez Caxton.
L’écart de rendements (« spread ») entre le dix ans allemand et italien est remonté vendredi jusqu’à 247 points de base, malgré l’annonce jeudi par la BCE d’un nouveau programme d’achat d’obligations pour limiter un creusement excessif des spreads des pays de la zone euro, les observateurs soulignant le manque de détails et les conditions assez floues de cet outil, baptisé Instrument de protection de la transmission (IPT).
Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor reflue également, de 12 points à 2,779%, les traders estimant à seulement 16,3% la probabilité d’une hausse de 100 points de base des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) la semaine prochaine.
CHANGES
L’euro recule de 0,12% à 1,0216 dollar en réaction aux derniers chiffres des PMI.
Le dollar, lui, reflue de 0,44% face à un panier de devises de référence après la baisse surprise, pour la première fois en près de deux ans, de l’activité des entreprises, l’indice S&P Global composite étant ressorti en juillet à 47,5 en lecture « flash » contre 52,3 en juin.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont volatils au gré des tensions sur l’approvisionnement et des craintes sur la demande mondiale.
Le Brent gagne 1,3% à 105,21 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,04% à 97,35 dollars.
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)