L’Estonie accuse la Russie de transporter des migrants à sa frontière
23.11.2023 18:50
© Reuters. Drapeau estonien près du pont sur la rivière Narva au point de passage de la frontière avec la Russie à Narva, Estonie. /Photo prise le 18 septembre 2022/REUTERS/Janis Laizans
par Andrius Sytas
VILNIUS (Reuters) – Le ministre estonien de l’Intérieur a accusé mercredi la Russie d’être impliquée dans une « manœuvre d’attaque hybride » visant à faire entrer des migrants sur son territoire, dans le but de saper sa sécurité et d’inquiéter sa population.
Une trentaine de migrants, principalement originaires de Somalie et de Syrie, ont tenté d’entrer en Estonie par le point de passage de Narva, frontalier avec la Russie, depuis jeudi dernier, selon le ministère. Aucun n’a demandé l’asile et tous ont été refoulés.
L’Estonie se dit prête à fermer ses frontières si « la pression migratoire en provenance de la Russie s’intensifie », a déclaré le ministre de l’Intérieur Lauri Läänemets à Reuters via un porte-parole.
« Malheureusement, de nombreux signes indiquent que des agents frontaliers russes et peut-être d’autres agences sont impliqués », a déclaré le ministre.
« Très franchement, (la) pression migratoire actuelle à la frontière orientale de l’Europe est une manœuvre d’attaque hybride », a-t-il ajouté.
Reuters n’a pas été en mesure de joindre des responsables russes dans l’immédiat pour un commentaire.
La Finlande voisine a affirmé mardi que les autorités russes étaient probablement impliquées dans l’arrivée à sa frontière de plus de 500 demandeurs d’asile en deux semaines, originaires pour la plupart du Yémen, de Somalie, de Syrie et d’Irak, via la Russie.
Le Kremlin a rejeté ces accusations.
La situation à la frontière entre l’Estonie et la Russie est « similaire » à celle à laquelle font face la Lettonie et la Lituanie à leurs frontières avec la Biélorussie, a ajouté le ministre. Ces deux pays et la Pologne accusent la Biélorussie d’avoir organisé le passage de milliers de migrants venus du Moyen-Orient et d’Afrique depuis 2021. Minsk a également nié ces accusations.
(Reportage Andrius Sytas à Vilnius, version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)