Les Vingt-Sept discutent sécurité économique, la Chine en toile de fond
20.06.2023 19:29
© Reuters. Les drapeaux de l’Union européenne flottent devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles. /Photo prise le 10 décembre 2020. /REUTERS/Yves Herman
par Philip Blenkinsop
BRUXELLES (Reuters) – La Commission européenne a entamé mardi les négociations avec les 27 Etats membres pour les convaincre d’accepter un contrôle accru des exportations et transferts de produits technologiques vers des pays rivaux comme la Chine qui pourraient les utiliser à des fins militaires.
L’exécutif européen estime que le partage d’innovations sensibles comme l’intelligence artificielle ou l’informatique quantique représente une menace pour la sécurité de l’Union, en raison du risque de voir des « pays préoccupants » aux visées potentiellement agressives bénéficier de ce savoir-faire.
La Commission va présenter mardi officiellement sa stratégie pour la sécurité économique européenne, qui vise à répondre à ce risque en restreignant certains investissements ou exportations dans les secteurs sensibles, selon le projet d’accord consulté lundi par Reuters.
Les échanges avec les Vingt-Sept vont se poursuivre jusqu’au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement les 29 et 30 juillet à Bruxelles, où sera notamment débattue la question des liens entre l’UE et la Chine.
De source diplomatique européenne, on estime cependant que les Etats membres seront difficiles à convaincre, l’octroi de licences d’exportation relevant de leurs prérogatives nationales, et qu’il leur faudra d’abord s’entendre sur la définition des risques encourus avant d’envisager d’adopter de nouveaux outils pour y répondre.
Le document de la Commission ne fait pas explicitement référence à la Chine mais il souligne l’intérêt de travailler avec les pays partageant les mêmes valeurs et fait référence à sa politique de « réduction des risques », l’expression consacrée pour la réduction de la dépendance de l’UE envers Pékin.
La présentation de cette nouvelle stratégie intervient juste après la visite à Pékin du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui a cherché à « stabiliser » les relations entre les deux géants économiques après que les Etats-Unis ont fortement incité leurs alliés, notamment européens, à durcir le ton envers la Chine.
(Reportage de Philip Blenkinsop, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)