Les multinationales veulent transférer leur production hors de Chine face aux risques, selon la BCE
06.11.2023 14:55
© Reuters. Le siège de la BCE à Francfort. /Photo prise le 16 mars 2023/REUTERS/Heiko Becker
FRANCFORT (Reuters) – Plus de 40% des entreprises de dimension mondiale sondées par la Banque centrale européenne (BCE) prévoient de déplacer leur production vers des pays politiquement plus accueillants dans les années à venir, le risque lié à la Chine étant cité comme la principale inquiétude, selon un document publié lundi.
Les discussions au sein de ces multinationales se sont intensifiées depuis la pandémie de COVID-19, puis la guerre en Ukraine, qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement.
La BCE rapporte dans une enquête auprès de 65 très grandes entreprises ayant une présence mondiale que 49% d’entre elles envisagent de « délocaliser » (« Near-shoring »), c’est-à-dire de rapprocher la production de leurs points de vente.
Parmi les entreprises sondées, 42% souhaitent « délocaliser » seulement certaines opérations, ou les transférer vers des destinations plus accueillantes.
« En ce qui concerne les pays qui posent – ou pourraient poser – un risque pour les chaînes d’approvisionnement dans leur secteur en général, deux tiers de ces entreprises ont cité la Chine », écrit la BCE dans un article de son Bulletin économique.
Plus de la moitié des entreprises s’approvisionnent en matériaux critiques auprès d’un pays en particulier ou d’un nombre restreint de pays, et la quasi-totalité d’entre elles ont déclaré que ces approvisionnements étaient désormais exposés à un risque élevé.
« Une grande majorité d’entre elles ont désigné la Chine comme étant ce pays ou l’un de ces pays, et toutes considèrent qu’il s’agit d’un risque élevé », souligne la BCE.
Le « near-shoring » contraint n’est pas en soi une nouveauté, en revanche sa version basée sur le volontariat est une tendance relativement nouvelle puisque seulement 11% des entreprises ont déclaré avoir déjà adopté une telle stratégie au cours des cinq dernières années.
L’Union européenne (UE) pourrait être lésée par ce nouveau phénomène car le nombre d’entreprises cherchant à délocaliser leur production hors du bloc reste supérieur à celui des entreprises souhaitant s’y implanter, ce qui pourrait avoir un impact « significatif » sur l’emploi.
Ces mouvements pourraient également alimenter l’inflation, car près de la moitié des entreprises ont dit s’attendre à ce que ces mouvements entraînent une hausse des prix, précise l’enquête de la BCE.
(Reportage de Balazs Koranyi; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)