Les infections transmises de l’animal à l’homme pourraient être à l’origine de 12 fois plus de décès d’ici 2050
08.11.2023 17:30
Les infections transmises de l’animal à l’homme pourraient être à l’origine de 12 fois plus de décès d’ici 2050
Selon une nouvelle étude, quatre types d’infections transmises de l’animal à l’homme augmentent à un « rythme exponentiel » et pourraient tuer 12 fois plus de personnes en 2050 qu’en 2020.
Après avoir analysé près de 60 ans de données épidémiologiques, les chercheurs ont constaté une augmentation de la fréquence des épidémies par débordement, autrement dit par transmission depuis un vertébré vers un humain.
Les résultats ont été publiés dans la revue BMJ Global Health.
La plupart des épidémies modernes ont été causées par des agents pathogènes qui se propagent de l’animal à l’homme, également connus sous le nom de maladies zoonotiques.
Ces maladies peuvent se transmettre à l’homme par contact direct avec des animaux, des vecteurs tels que les tiques ou les moustiques, par contact avec une zone où vivent des animaux, ou par la consommation d’eau ou d’aliments contaminés.
Le virus qui cause le COVID-19 est aussi qualifié de zoonotique parce qu’il peut se transmettre entre les animaux et les humains. Les scientifiques considèrent que la transmission de l’animal à l’homme est l’explication la plus probable des origines de la pandémie.
Dans l’étude publiée par les chercheurs de la société américaine de biotechnologie, Ginkgo Bioworks, ils ont analysé les tendances historiques des événements de propagation zoonotique, à partir d’un large éventail de sources.
On s’attend à ce que le changement climatique induit par l’homme entraîne une augmentation des maladies zoonotiques, mais son impact sur la santé mondiale est « difficile à caractériser », expliquent-ils.
Leur nouvelle analyse a permis de déterminer que le nombre d’épidémies par débordement, c’est-à-dire de transmissions d’un vertébré vers l’homme, a augmenté de près de 5 % par an, tandis que le nombre de décès signalés a augmenté de 8,7 % par an.
« Si la tendance observée dans cette étude se poursuit, on peut s’attendre à ce que ces agents pathogènes provoquent quatre fois plus de « débordements », (c’est-à-dire de transmissions d’un vertébré vers l’homme), et 12 fois plus de décès en 2050 qu’en 2020″, soulignent les chercheurs.
Des estimations « probablement conservatrices »
Les chercheurs ont étudié une base de données de plus de 3 000 foyers et épidémies et se sont concentrés sur la période allant de 1963 à 2019.
Ils ont analysé quatre types d’agents pathogènes zoonotiques : les filovirus (comme Ebola et Marburg), le coronavirus 1 du SRAS (qui cause le SRAS), le virus Nipah (associé à un gonflement du cerveau) et le virus Machupo (qui cause la fièvre hémorragique de Bolivie).
Les chercheurs ont identifié 75 débordements dans 24 pays qui ont causé plus de 17 000 décès, la plupart des décès étant dus à des filovirus en Afrique.
Ces estimations sont probablement « prudentes », selon les chercheurs, en raison des critères spécifiques d’inclusion des agents pathogènes et de l’omission de la pandémie de COVID-19, qui est « plusieurs ordres de grandeur plus importante que les autres événements ».
« Notre évaluation des preuves historiques suggère que la série d’épidémies récentes déclenchées par la propagation de zoonoses n’est pas une aberration ou un groupe aléatoire, mais suit une tendance de plusieurs décennies dans laquelle les épidémies provoquées par la propagation sont devenues à la fois plus importantes et plus fréquentes », écrivent-ils.
Selon eux, si cette tendance se poursuit, elle entraînera une forte augmentation du risque de maladie infectieuse au niveau mondial.
Bien que de nombreux programmes de surveillance et propositions relatives au risque de pandémie aient été formulés, les chercheurs affirment que « l’ensemble ultime de mesures » visant à soutenir la préparation à la pandémie n’est pas clair.
« Ce qui est clair, cependant, d’après les tendances historiques, c’est qu’une action urgente est nécessaire pour faire face à un risque important et croissant pour la santé mondiale », ajoutent les auteurs de l’étude.