Les femmes dirigeantes mises à l’écart dans les organisations multilatérales, selon une étude
06.03.2023 16:35
© Reuters. Maria Fernanda Espinosa Garces, présidente de l’Assemblée générale de l’ONU de 2018 à 2019. /Photo prise le 26 novembre 2018/REUTERS/Chris Wattie
par Andrea Shalal
WASHINGTON (Reuters) – Les femmes n’ont occupé depuis 1945 que 12% des postes à responsabilité dans 33 des plus grandes institutions multilatérales, et plus d’un tiers de ces organismes, dont les quatre grandes banques de développement, n’ont jamais été dirigés par une femme, selon une nouvelle étude publiée lundi.
Cinq de ces organismes n’ont été présidé par une femme qu’une fois dans leur histoire, selon l’article préparé par GWL Voices for Change and Inclusion, une ONG composée de 62 dirigeantes actuelles et anciennes.
L’étude, qui sera publiée cette semaine lors de la réunion de la Commission de la condition de la femme des Nations unies, appelle à une représentation proportionnelle des femmes à tous les niveaux des organisations multilatérales, des bureaux de terrain aux sièges, ainsi que dans les secrétariats et les organes directeurs.
« Nous sommes 50% de la population mondiale, donc c’est une question de justice démographique, pour commencer », a expliqué Maria Fernanda Espinosa, ancienne ministre équatorienne et présidente de l’Assemblée générale de l’ONU de 2018 à 2019 lors d’un entretien avec Reuters vendredi.
« Mais je crois aussi que les femmes apportent cette combinaison de leadership, de sagesse et d’empathie, et parfois, une compréhension encore plus grande de ce qui se passe dans le monde », a-t-elle ajouté.
Les 33 institutions étudiées ont, depuis 1945, eu 382 dirigeants, mais seulement 47 étaient des femmes, indique l’article. Malgré des progrès récents, un tiers de ces institutions seulement sont aujourd’hui dirigées par des femmes.
GWL Voices a annoncé qu’une version plus complète de l’article serait publiée en septembre, avec un examen élargi aux équipes de direction et organes directeurs de ces organisations.
Le groupe explique vouloir soutenir des réformes de gouvernance qui pourraient « accélérer la transition vers un leadership équilibré entre les sexes ».
L’article liste 13 institutions qui n’ont jamais été dirigées par une femme depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle la plupart de ces organismes ont été créés. Parmi elles, la Banque mondiale, l’ONU, l’Organisation internationale de l’énergie atomique et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture.
Fin février, le président américain Joe Biden a proposé la candidature du chef d’entreprise indo-américain, Ajay Banga, au poste de président de la Banque mondiale, en dépit des appels à nommer une femme à ce poste.
(Reportage Andrea Shalal ; version française Victor Goury-Laffont, édité par Blandine Hénault)