Les actions reculent, la hausse des taux reprend le dessus
22.04.2022 15:11
Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance vendredi. À Paris, le CAC 40 abandonne 1,63% à 10h55 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,75% et à Francfort, le Dax recule de 1,92%. /Photo d’archives/REUTERS
par Marc Angrand
PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance vendredi, la perspective de plus en plus nette d’une remontée des taux d’intérêt aux Etats-Unis et dans la zone euro pénalisant les actions.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en repli de 0,33% pour le Dow Jones, de 0,35% pour le Standard & Poor’s 500 et de 0,39% pour le Nasdaq.
Ce dernier a déjà perdu plus de 3% sur les deux dernières séances et s’achemine vers sa troisième baisse hebdomadaire d’affilée.
À Paris, le CAC 40 abandonne 1,63% à 6.605,34 points à 10h55 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,75% et à Francfort, le Dax recule de 1,92%.
L’indice EuroStoxx 50 perd 1,86%, le FTSEurofirst 300 1,31% et le Stoxx 600 1,34%.
Les actions européennes se dirigent ainsi vers leur deuxième semaine consécutive de repli, un mouvement alimenté à la fois par la guerre en Ukraine, l’inflation et la perspective d’un resserrement des politiques monétaires.
Sur ce dernier point, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a jeté un froid jeudi en déclarant qu’une hausse de 50 points de base de l’objectif de taux des fonds fédéraux (« fed funds ») serait « sur la table » lors de la réunion de politique monétaire des 3 et 4 mai et en validant implicitement le scénario privilégié par les marchés d’une série de hausses d’un demi-point de pourcentage.
Dans la zone euro, les investisseurs continuent de digérer les propos de Luis de Guindos, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), en faveur d’un arrêt des achats d’obligations dès le mois de juillet, qui ouvrirait la voie à une remontée des taux.
« Cela conduit les marchés à anticiper des hausses de taux agressives pour 2022 », explique Xavier Chapard, stratège de LBPAM. « Le marché anticipe désormais trois hausses de taux de 25 points de base pour la BCE d’ici décembre et trois hausses de 50 points de base pour la Fed dans les trois prochains mois. »
La thématique du resserrement monétaire l’emporte ainsi largement sur les premiers résultats des enquêtes PMI de S&P Global, qui montrent pourtant que le dynamisme de l’activité des services l’emporte sur le ralentissement de l’industrie manufacturière.
TAUX
Sur les marchés obligataires, les rendements des bons du Trésor américain poursuivent la remontée engagée après les déclarations de Jerome Powell: le deux ans, le plus sensible aux anticipations d’évolution des taux directeurs, prend plus six points de base à 2,7554%, au plus haut depuis décembre 2018, le cinq ans confirme son retour à plus de 3% et le dix ans, à 2,9414% remonte à proximité de son pic de mardi.
Le marché européen suit le mouvement, avec une hausse de près de trois points pour le dix ans allemand, à 0,949%.
Le dix ans français monte un peu moins, à 1,401% et son écart avec son équivalent allemand revient à moins de 45 points de base, signe que l’issue du second tour de l’élection présidentielle ne préoccupe plus guère les investisseurs.
VALEURS EN EUROPE
Tous les grands secteurs de la cote européenne évoluent dans le rouge à mi-séance, les replis les plus marqués touchant le compartiment des hautes technologies (-2,60%) et celui de la distribution (-2,69%).
À Paris, la lanterne rouge du CAC 40 est pour Kering (EPA:PRTP), dont le cours recule de 4,14% après les ventes jugées décevantes de sa marque phare Gucci au premier trimestre. Et le géant du luxe entraîne dans sa chute LVMH (EPA:LVMH) (-1,26%), Hermès (EPA:HRMS) (-0,96%) ou encore Richemont (SIX:CFR) (-2,24%).
À Francfort, SAP (NYSE:SAP) perd 4,64% malgré un chiffre d’affaires supérieur aux attentes, le géant allemand des logiciels d’entreprise ayant annoncé une perte de revenus de 300 millions d’euros liée à son retrait de Russie.
En hausse, Renault (EPA:RENA) gagne 1,49% malgré des volumes de ventes au plus bas depuis 13 ans sur janvier-mars, le groupe ayant de nouveau évoqué la possibilité d’une introduction en Bourse de ses activités électriques.
CHANGES
Les déclarations de Jerome Powell favorisent le dollar, qui s’apprécie de 0,39% face à un panier de devises de référence et a atteint en matinée son plus haut niveau depuis mars 2020.
L’euro recule de 0,24% à 1,081 dollar, affaibli entre autres par les déclarations jeudi de Christine Lagarde, la présidente de la BCE, sur un risque de nouvelle révision à la baisse des prévisions de croissance.
PÉTROLE
La vigueur du dollar accentue le repli du marché pétrolier, alimenté une nouvelle fois par les craintes de dégradation de la demande mondiale et les confinements prolongés en Chine.
Le Brent cède 1,61% à 106,59 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,59% à 102,14 dollars.
(Version française Marc Angrand)