Les actions reculent en attendant l’inflation américaine
10.06.2022 15:01
Les principales Bourses européennes cèdent plus de 1% à mi-séance vendredi. À Paris, le CAC 40 perd 1,67% à 11h55 GMT, au plus bas depuis le 25 mai. À Londres, le FTSE 100 cède 1,29% et à Francfort, le Dax recule de 1,46%. /Photo prise le 23 f
PARIS (Reuters) – Wall Street se dirige vers un nouveau repli au lendemain d’une forte baisse et les principales Bourses européennes cèdent plus de 1% à mi-séance vendredi, le sentiment de marché restant plombé par les craintes liées à la conjoncture économique et par l’inflation, dans l’attente des chiffres mensuels des prix à la consommation aux Etats-Unis.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais préfigurent un recul de 0,32% pour le Dow Jones et de 0,17% pour le Standard & Poor’s 500 tandis qu’ils donnent le Nasdaq pratiquement inchangé. Ce dernier et le S&P 500 ont subi jeudi leur plus forte baisse en pourcentage depuis la mi-mai (-2,38% et -2,75% respectivement).
À Paris, le CAC 40 perd 1,67% à 6.252,22 points à 11h55 GMT, au plus bas depuis le 25 mai. À Londres, le FTSE 100 cède 1,29% et à Francfort, le Dax recule de 1,46%.
L’indice EuroStoxx 50 est en baisse de 1,79%, le FTSEurofirst 300 de 1,51% et le Stoxx 600 de 1,47%. Ce dernier, dans le rouge pour la quatrième séance consécutive, affiche pour l’instant un repli de 2,8% depuis le début de la semaine et le CAC 40 une baisse de 3,65%.
Pour les investisseurs européens comme pour les américains, la journée sera dominée par les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis, attendus à 12h30 GMT et qui ne devraient montrer aucun ralentissement de la hausse des prix: le consensus Refinitiv table sur un bond de 8,3% sur un an de l’indice CPI en mai comme en avril et sur un chiffre en léger repli seulement hors énergie et alimentation à 5,9% après 6,2%.
Ces statistiques pourraient donc conforter les anticipations d’accélération de la remontée des taux d’intérêt de la Réserve fédérale avant sa réunion la semaine prochaine, au lendemain des déclarations plus offensives qu’attendu de la Banque centrale européenne (BCE).
« Les estimations du consensus pour le CPI américain, avec des risques orientés à la hausse, alimentent l’inquiétude sur la capacité de la Réserve fédérale à reprendre le contrôle de l’inflation tout en évitant une récession », explique Mark Haefele, directeur des investissements d’UBS Global Wealth Management.
Cette perspective globalement défavorable aux actions continue de pénaliser les marchés boursiers européens davantage que les américains et la divergence entre les deux segments a même tendance à se creuser, montrent les chiffres hebdomadaires de BofA sur les flux d’investissement.
VALEURS EN EUROPE
Tous les grands secteurs de la cote européenne évoluent dans le rouge, les replis les plus marqués étant pour ceux des banques, dont l’indice Stoxx cède 2,94%, de la construction (-2,03%) et de l’assurance (-1,93%).
Les valeurs bancaires italiennes souffrent particulièrement du creusement continu de l’écart de rendements entre les obligations italiennes et allemandes: Intesa Sanpaolo (BIT:ISP) abandonne 6,75%, BPER Banca 10,81% et Banco BPM (BIT:BAMI) 7,9%.
Credit Suisse décroche par ailleurs de 3,53% après le démenti de l’américain State Street aux informations évoquant un projet de rachat de la banque helvétique.
En hausse, Just Eat (LON:JE) Takeaway bondit de 7,86% après un article de Bloomberg selon lequel le groupe de capital-investissement Apollo fait partie des acquéreurs possibles de sa filiale américaine Grubhub.
TAUX
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, à 3,0345%, varie peu dans l’attente des statistiques de l’inflation mais le deux ans, plus sensible aux anticipations en matière de taux directeurs, prend plus de trois points de base à 2,8497%.
En Europe, les annonces de la BCE continuent d’alimenter le creusement des écarts de rendements entre les pays de la zone euro, au détriment des plus endettés, Italie en tête, une conséquence logique de l’arrêt confirmé des achats de la banque centrale.
Le dix ans italien remonte ainsi à 3,716% et le « spread » avec le dix ans allemand dépasse 232 points, au plus haut depuis le pic de la crise du COVID-19 au printemps 2020.
Le dix ans français, lui, a repassé le seuil de 2% pour la première fois depuis avril 2014.
CHANGES
Le dollar s’apprécie contre les autres grandes devises et porte à plus de 1,2% sa hausse sur l’ensemble de la semaine mais le fait du jour sur le marché des changes est le rebond du yen, déclenché par la publication très inhabituelle d’un communiqué commun du gouvernement et de la Banque du Japon exprimant leur inquiétude quant à sa chute des dernières semaines.
La monnaie japonaise , qui était tombée jeudi au plus bas depuis début 2002, reprend plus de 0,5% contre le billet vert comme face à l’euro.
Ce dernier, toujours plombé par les annonces de la BCE, est repassé parallèlement sous 1,06 dollar pour la première fois depuis le 23 mai.
PÉTROLE
Les cours du pétrole restent orientés à la hausse, la vigueur de la demande aux Etats-Unis l’emportant sur le regain d’inquiétude suscité par la situation sanitaire en Chine.
Le Brent gagne 0,71% à 123,94 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,64% à 122,29 dollars.
Le WTI s’achemine ainsi vers une septième semaine consécutive de hausse, le Brent vers une quatrième.
(Rédigé par Marc Angrand)