Le Kremlin dément catégoriquement toute responsabilité de l’armée russe à Boutcha
04.04.2022 19:39
Un soldat prend une photo de son camarade alors qu’il pose à côté d’un char russe détruit à Boutcha, en Ukraine. Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que les images de victimes civiles dans la ville ukrainienne de Boutcha, à une
(Reuters) – Le Kremlin a formellement démenti lundi les accusations imputant à l’armée russe le « massacre » de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha et prévenu qu’il tenterait de nouveau d’obtenir une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu pour débattre de ce qu’il décrit comme une « provocation » et une « manipulation » de la part de l’Ukraine.
Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe, a déclaré lundi lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes que les faits et la chronologie des événements à Boutcha ne corroboraient pas les déclarations des autorités ukrainiennes.
Alors que les pays occidentaux ont condamné ces faits, évoquant des crimes de guerre et se préparant à adopter de nouvelles sanctions contre la Russie, Dmitri Peskov a estimé que les dirigeants internationaux devraient se montrer plus circonspects à l’égard des « allégations ukrainiennes ».
Le porte-parole du Kremlin a précisé que les diplomates russes poursuivraient leurs efforts pour obtenir rapidement une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu, en dépit de l’échec d’une première tentative.
La Russie a demandé dimanche une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu dès ce lundi pour débattre de ce que Moscou qualifie de « provocation criminelle par des soldats et des radicaux ukrainiens » à Boutcha.
Mais la Grande-Bretagne, qui assure ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité, a précisé qu’il n’y aurait pas de réunion ce lundi mais que la discussion déjà prévue mardi au sujet de la situation en Ukraine était maintenue.
« Aujourd’hui (lundi-NDLR) la Russie va de nouveau demander que le Conseil de sécurité de l’Onu soit convoqué pour une réunion consacrée aux ‘provocations criminelles de soldats et de radicaux ukrainiens » à Boutcha, a écrit sur Telegram la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Les autorités ukrainiennes ont accusé dimanche les troupes russes d’avoir commis un « massacre » dans la ville de Boutcha, à une quarantaine de kilomètres au nord de Kyiv, après la découverte, dans cette ville de la banlieue de la capitale ukrainienne tout juste reprise par l’armée ukrainienne, de centaines de corps de civils jonchant les rues, dont certains, ligotés, avaient été tués à bout portant.
Les ministères russes de la Défense et des Affaires étrangères ont déjà rejeté ces accusations dimanche et déclaré que les nombreuses photographies et vidéos de Boutcha n’étaient qu’une « provocation » et une « mise en scène » de l’Ukraine destinée aux médias occidentaux.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a à son tour déclaré lundi que la description par les autorités ukrainiennes de ce qui s’était passé à Boutcha n’était qu’une « mise en scène » visant à affaiblir la Russie, selon des propos rapportés par l’agence de presse TASS.
La Commission d’enquête de Russie – qui rend compte directement au président russe Vladimir Poutine – a annoncé lundi dans un communiqué l’ouverture d’une enquête officielle pour « diffusion délibérée par l’Ukraine de fausses informations » au sujet des troupes russes à Boutcha.
Dans le sillage de la révélation de ces images, de nombreux pays occidentaux ont appelé à enquêter sur de possibles crimes de guerre en Ukraine et à préparer de nouvelles sanctions contre la Russie.
« Ceux qui ont été à l’origine de ces crimes devront en répondre », a souligné lundi Emmanuel Macron sur France Inter, en jugeant que « ce qui vient de se passer à Boutcha impose un nouveau train de sanctions et des mesures très claires ».
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier – que les autorités russes décrivent comme une « opération militaire spéciale » destinée à démilitariser et à « dénazifier » l’Ukraine – la Russie dément régulièrement prendre des civils pour cible.
(Reportage Reuters, édité par Guy Faulconbridge et Kevin Liffey, version française Myriam Rivet, édité par Matthieu Protard)