Le DG de Sanofi sous pression pour détailler les dépenses de R&D
05.12.2023 12:24
© Reuters. Le logo du fabricant français de médicaments Sanofi sur le site du groupe à Lyon. /Photo prise le 30 septembre 2023/REUTERS/Gonzalo Fuentes
(Reuters) – Paul Hudson, directeur général de Sanofi (EPA:), doit faire face à la pression des investisseurs qui attendent des annonces sur le montant qu’il a l’intention d’allouer aux dépenses de recherche et développement (R&D) et les bénéfices attendus, alors que le dirigeant cherche à renouveler la gamme de médicaments du groupe et à restaurer la confiance des actionnaires. En Bourse, l’action du groupe pharmaceutique a chuté de 15% le 27 octobre, lorsque Paul Hudson a abandonné son objectif de marge opérationnelle pour 2025, dans le cadre d’un plan visant introduire en Bourse son activité « Santé Grand Public » et à augmenter les dépenses de R&D.
Paul Hudson, qui a été embauché il y a quatre ans pour relancer le portefeuille de médicaments du laboratoire, a promis de meilleurs bénéfices à plus long terme. Il n’a pas souhaité détailler ses plans avant la journée des investisseurs du 7 décembre.
Le dirigeant, dont le mandat actuel a commencé l’année dernière et expire en 2026, doit donner davantage de précisions sur le montant qu’il prévoit de dépenser pour chaque médicament expérimental, ainsi que leur potentiel commercial, ont dit des investisseurs à Reuters.
« La première étape consiste à présenter les données et les raisons de croire en ces plans », a déclaré Dan Lyons, gestionnaire de portefeuille chez Janus Henderson Investors.
Le titre Sanofi a sous-performé ses concurrents ces dernières années, les investisseurs craignant que le groupe ne soit trop dépendant de son best-seller, l’anti-inflammatoire Dupixent.
Bien que les lancements de nouveaux médicaments cette année ont ravivé la confiance, Paul Hudson était déjà sous pression depuis la défaite dans la course au vaccin contre le coronavirus et l’échec, l’année dernière, d’un médicament pour le traitement du cancer du sein.
L’abandon des perspectives pour 2025 a été particulièrement controversée car en rupture avec la tradition du groupe de respect de ses objectifs financiers, ont déclaré des gestionnaires de fonds, dont Markus Manns de Union Investment.
« L’histoire de Sanofi a été une histoire d’expansion des marges et de bénéfices pour beaucoup d’investisseurs », a commenté David Song, gestionnaire de portefeuille et partenaire d’investissement chez Tema ETF.
Sanofi n’a pas répondu à une demande de commentaire.
DÉPENSES SCRUTÉES PAR LES INVESTISSEURS
Par rapport aux ventes, le budget de R&D de Sanofi, évalué à 15,6% l’année dernière, est bien inférieur à la moyenne du secteur, située entre 20 et 22%, a déclaré Fabian Wenner, analyste chez Julius Baer.
« Sanofi devait rattraper son retard, mais l’annonce a été un changement trop soudain pour les actionnaires », a-t-il précisé, ajoutant qu’il souhaitait lui aussi une ventilation détaillée des dépenses.
Parmi les candidats-médicaments, le frexalimab contre la sclérose en plaques, l’amlitelimab contre l’eczéma et un vaccin antipneumococcique attirent particulièrement l’attention et feront l’objet de tests de phase III à partir de l’année prochaine.
Selon David Song, de Tema ETF, un retard d’un an dans la croissance des bénéfices pourrait être acceptable en échange de la perspective d’une rentabilité plus élevée au-delà de 2025. « Les investisseurs ne devraient-ils pas accorder du crédit aux dirigeants qui se soucient de la création de valeur à long terme pour les actionnaires ? »
(Reportage Ludwig Burger, version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)