Le choc de taux va faire exploser la pyramide de Ponzi de la dette US (économiste)
07.11.2023 07:34
Investing.com – Alors que les taux ont fortement augmenté depuis l’année dernière, la dette américaine massive inquiète de plus en plus les économistes. En effet, avec un qui s’affiche actuellement à 4,6 % après avoir récemment dépassé le seuil de 5 % pour la première fois en 16 ans, nombreux sont ceux qui pensent que la dette américaine est devenue insoutenable.
Or, face à cette situation, on peut craindre que le gouvernement et la Fed soient contraints de prendre des mesures qui pourraient mener à une catastrophe économique qui précipiterait le déclin du dollar en tant que monnaie de réserve et d’échange internationale.
Dans un article publié récemment sur le site du Mises Institute, Thorsten Polleit, économiste en chef chez Degussa, a abordé la question, qualifiant la dette américaine de pyramide de Ponzi prête à s’effondrer.
Constatant que depuis juillet 2023, les taux d’intérêt à long terme augmentent fortement et sans relâche, il a supposé qu’il “s’est vraisemblablement passé quelque chose de très fondamental” puisque “les investisseurs ne sont plus disposés à détenir de la dette publique américaine à des rendements ultra-faibles comme auparavant”.
Or, il a supposé que ce revirement est peut-être lié au fait que les investisseurs, y compris les “anciens grands acheteurs de la dette américaine – tels que le Japon, la Chine, le Brésil, la Russie et l’Arabie saoudite” deviennent “de plus en plus conscients de l’énorme problème de la dette aux États-Unis, qu’ils avaient pris à la légère pendant si longtemps”.
Polleit a en effet rappelé que le pays est “assis sur une montagne de dettes d’une valeur de plus de 33 000 milliards de dollars américains, ce qui équivaut à environ 123 %” de son PIB, et soulignant qu’elle pourrait atteindre 50.000 milliards de dollars d’ici à 2030.
L’économiste a par ailleurs estimé que “l’administration américaine ait gaspillé une grande partie de la confiance des investisseurs, notamment en gelant les réserves de change de la Russie au début de l’année 2020” dans le cadre des sanctions pour la guerre en Ukraine.
“Depuis lors, il est devenu tout à fait clair pour de nombreux investisseurs de pays non occidentaux que les investissements américains comportent un risque politique pour eux”, et “par conséquent, quiconque détient des dollars américains ou investit dans des titres de créance américains exige un taux d’intérêt plus élevé”, a-t-il expliqué, prévoyant qu’il “en résultera un ralentissement économique, voire une récession”, et prévenant que les Etats-Unis ne seront sans doute pas le seul pays concerné.
Il a ainsi prévenu qu’avec “des taux d’intérêt qui augmentent alors que la dette est déjà très élevée, il est probable que le réveil sera bientôt brutal”, et que “les investisseurs doivent craindre une détérioration de la viabilité de la dette de nombreux pays, d’autant plus que la probabilité qu’un pays renonce à ses dépenses d’endettement est assez faible”.
Or, il prévoit que face à ce contexte, “les investisseurs ne tarderont pas à s’inquiéter et à paniquer, car ils comprennent que l’augmentation prévisible des paiements d’intérêts liés à la dette va anéantir les finances de nombreux États”, et a prévenu “qu’il n’y a pas de moyen facile de sortir de ce système de Ponzi”.
L’économiste a ainsi estimé que “la fin imminente de la hausse des taux d’intérêt des deux côtés de l’Atlantique est plutôt probable”, alors que l’inflation officiellement mesurée est déjà en net recul” et que “la masse monétaire des grandes économies se réduit déjà en raison des hausses de taux d’intérêt des banques centrales”, soulignant que “les conséquences de cette réduction mettront l’activité économique à genoux”.
Il a poursuivi en estimant qu’ensuite, “lorsque l’économie se contractera et que le chômage de masse frappera comme un raz-de-marée, il est très probable que les hausses de taux d’intérêt seront rapidement annulées”, et évoquant également la possibilité d’une “une nouvelle plongée dans le sac à malices” des banques centrales, qui pourraient par exemple recommencer à acheter des obligations pour peser sur les taux.
Or, il a rappelé que “toutes ces astuces de politique monétaire n’aboutissent qu’à une seule chose : rembourser les factures en souffrance avec de l’argent nouvellement créé – autrement dit, une politique d’inflation”.
Enfin, Polleit a conclu que “la grande leçon que l’on peut tirer du choc des taux d’intérêt résultant de la pyramide de Ponzi sur les marchés de la dette : la baisse systématique du pouvoir d’achat de la monnaie, même si un répit à court terme est accordé, est presque certaine”.