L’AIEA craint un « coup fatal » porté par l’Iran à l’accord de 2015
09.06.2022 17:28
L’Iran a porté jeudi un coup quasiment fatal aux chances de relancer l’accord de 2015 sur son programme nucléaire en commençant à retirer l’essentiel des équipements de surveillance installés par l’Agence internationale de l’énergie atomique dans l
par Francois Murphy
VIENNE (Reuters) – L’Iran a porté jeudi un coup quasiment fatal aux chances de relancer l’accord de 2015 sur son programme nucléaire en commençant à retirer l’essentiel des équipements de surveillance installés par l’Agence internationale de l’énergie atomique dans le cadre de cet accord, a déclaré le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.
L’Iran avait promis des représailles en cas d’adoption par le conseil des gouverneurs de l’AIEA d’une résolution critiquant sa coopération insuffisante pour fournir des explications sur la présence de traces d’uranium sur trois sites non déclarés. Ce texte préparé par les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne a été approuvé à une large majorité mercredi soir.
La République islamique a par la suite informé l’AIEA au cours de la nuit qu’elle allait retirer à partir de ce jeudi 27 caméras et autres équipements de surveillance, soit « essentiellement tous » les équipements installés dans le cadre de l’accord de 2015 au-delà des obligations précédentes de Téhéran, a déclaré Rafael Grossi au cours d’une conférence de presse organisée à la hâte.
Cette initiative ne laisse qu’une fenêtre d’opportunité de trois à quatre semaines pour remettre en marche certains équipements en cours de désinstallation, a dit le directeur général de l’AIEA. Si cette occasion n’est pas saisie, l’agence n’aura plus la capacité de disposer d’une vue d’ensemble des activités nucléaires les plus sensibles de l’Iran, un élément essentiel à la relance de l’accord de 2015, a-t-il ajouté.
« Je pense que ce serait un coup fatal » porté aux efforts pour relancer cet accord, a dit Rafael Grossi en réponse à une question portant sur les conséquences d’une poursuite du démantèlement des équipements de surveillance durant ces trois à quatre semaines.
Depuis que le président américain de l’époque Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l’accord de 2015 et rétabli des sanctions contre l’Iran en 2018, la République islamique s’est progressivement affranchie de ses propres obligations, via un enrichissement d’uranium à un degré proche d’un usage militaire, l’utilisation de centrifugeuses plus perfectionnées et l’accroissement de son stock d’uranium enrichi.
Les pourparlers indirects entre les Etats-Unis et l’Iran pour ramener les deux pays dans le cadre de l’accord de 2015 sont déjà à l’arrêt et aucune séance de discussions n’a eu lieu depuis mars.
Alors que pour les puissances occidentales, l’Iran ne cesse de se rapprocher du stade où il pourra rapidement se doter d’une arme nucléaire, Téhéran dément avoir une telle intention.
Parmi ses initiatives fragilisant l’accord de 2015, l’Iran conserve déjà depuis février 2021 les données enregistrées par les équipements de surveillance supplémentaires. Rafael Grossi a dit ignorer ce qu’il allait advenir de ces données.
Il a cependant souligné que plus de 40 caméras de l’AIEA continueraient de fonctionner dans le cadre de la surveillance basique des activités nucléaires iraniennes mise en place avant l’accord de 2015.
(Avec John Irish à Paris, version française Tangi Salaün et Bertrand Boucey, édité par)