L’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes prolongé de 120 jours
17.11.2022 13:16
© Reuters. Photo d’archives du cargo Asl Tia transportant des céréales ukrainiennes. /Photo prise à Istanbul, Turquie le 2 novembre 2022/REUTERS/Umit Bektas
KYIV/ANKARA/LONDRES/GENEVE (Reuters) -L’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes depuis des ports de la mer Noire, qui arrivait à échéance le 19 novembre, est prolongé de 120 jours, ont annoncé jeudi l’Ukraine et la Russie, ses signataires, ainsi que les Nations unies et la Turquie, médiatrices.
« La décision vient juste d’être prise à Istanbul. Les Nations unies et la Turquie resteront garantes de cette initiative », a fait savoir le ministère ukrainien des Infrastructures dans un communiqué.
Le ministère russe de la Défense a confirmé cette prolongation sans modifications des termes de l’accord, tout en disant espérer que les inquiétudes de la Russie sur la facilitation de ses propres exportations de céréales et d’engrais seraient prises en compte dans la période à venir.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a salué cette prolongation dans un communiqué.
« Je me félicite de l’accord intervenu entre l’ensemble des parties pour poursuivre l’initiative pour les céréales dans la mer Noire afin de faciliter la sécurité de la navigation des exportations de céréales, de denrées alimentaires et d’engrais depuis l’Ukraine », a-t-il dit.
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a souligné sur Twitter (NYSE:) qu' »avec la livraison de plus de 11 millions de tonnes de céréales et de denrées alimentaires via environ 500 navires au cours des quatre derniers mois, l’importance et les bénéfices de cet accord pour l’approvisionnement et la sécurité alimentaire du monde sont avérés ».
LE VOLET SUR LES EXPORTATIONS RUSSES ENCORE EN SUSPENS
La question des exportations d’engrais russes n’a cependant pas encore été réglée dans le cadre de la prolongation de l’accord et fait toujours l’objet de discussions, a-t-on appris auprès d’une source au fait des négociations ayant requis l’anonymat.
Moscou a insisté à plusieurs reprises pour que les exportations russes de céréales et d’engrais soient également garanties.
Ces expéditions russes, normalement épargnées par les sanctions occidentales, sont largement paralysées en raison des craintes des transporteurs de s’exposer aux sanctions, qui font flamber les coûts du financement et des assurances.
Les Nations unies sont « pleinement engagées pour lever les obstacles restants à l’exportation de produits alimentaires et d’engrais depuis la Fédération de Russie », a précisé Antonio Guterres.
Sur ce point, le président turc a proposé que les exportations de céréales russes, notamment destinées à Djibouti, au Mali, à la Somalie et au Soudan, soient moulues en farine en Turquie avant d’être expédiées en Afrique, sans frais supplémentaires pour les pays destinataires.
PROLONGATION PLUS COURTE QU’ATTENDU
« Nous allons aussi contribuer à la livraison (de ces céréales). Nous avons déjà un accord en ce sens. Nous espérons que les céréales puissent arriver en Turquie pour être moulues en farine dans notre pays avant d’être envoyées sous cette forme en Afrique », a déclaré Recep Tayyip Erdogan à des journalistes à bord de l’avion de retour du sommet du G20 à Bali, en Indonésie.
L’accord d’Istanbul sur les couloirs maritimes sécurisés dans la mer Noire, signé le 22 juillet dernier par la Russie et l’Ukraine sous l’égide de l’Onu et de la Turquie et entré en vigueur le 1er août, devait arriver à échéance le 19 novembre.
L’Onu et l’Ukraine avaient espéré parvenir à un accord sur une extension d’un an.
Les cours des céréales sur le marché de Chicago ont reculé dans le sillage de l’annonce de la prolongation de l’accord, le cours du blé cédant 2,75% à 7,95 dollars le boisseau et celui du perdant 1,3% à 6,605 dollars le boisseau sur le Chicago Board of Trade (CBOT).
« C’est baissier pour le marché parce qu’on a levé les doutes restants et on a quelque chose de clair pour les quatre prochains mois », a souligné un trader français.
« Mais le fait que ce ne soit que pour quatre mois plutôt qu’un an comme le demandaient les Ukrainiens veut dire que l’incertitude va recommencer dans quatre mois, en se demandant si la Russie signera ou signera pas. »
(Rédigé par Pavel Polityuk à Kyiv, Michelle Nichols à Londres, Emma Farge à Genève, Sybille de La Hamaide à Paris, Yesim Dikmen, Ece Toksabay et Ali Kucukgocmen à Ankara ; version française Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey)