La Russie déploie des armes nucléaires tactiques en Biélorussie
25.05.2023 20:23
© Reuters. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choigou, serre la main de son homologue biélorusse, Victor Khrenin, lors d’une réunion à Minsk. /Photo prise le 25 mai 2023/REUTER/Ministère russe de la Défense
par Guy Faulconbridge
MOSCOU (Reuters) – La Russie a mis en oeuvre jeudi son projet de déploiement d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie, dont le président a déclaré que des têtes nucléaires étaient en cours d’acheminement, conformément à une annonce de Vladimir Poutine plus tôt cette année.
Il s’agit d’une démarche inédite depuis 1991, alors que Moscou n’avait jamais installé d’armes nucléaires hors de ses frontières après la chute de l’Union soviétique.
Le projet avait été dévoilé par Vladimir Poutine lors d’un entretien à la télévision publique russe le 25 mars, le chef du Kremlin reprochant aux Etats-Unis et à leurs alliés occidentaux de livrer à la Russie une guerre par procuration en soutenant et en armant l’Ukraine.
Ce déploiement d’armes nucléaires en Biélorussie a été condamné par les Etats-Unis. Le porte-parole du département d’Etat américain a toutefois déclaré jeudi que Washington n’estimait pas nécessaire un quelconque ajustement de sa posture nucléaire et que rien d’indiquait que la Russie se préparait à recourir à l’arme nucléaire.
A l’issue d’un entretien avec son homologue biélorusse jeudi à Minsk, le ministre russe de la Défense a dit que l’Occident « livrait essentiellement une guerre non déclarée » à la Russie et la Biélorussie, selon des propos rapportés par ses services.
Sergueï Choigou a ajouté que les Occidentaux faisaient tout leur possible pour « prolonger et intensifier le conflit armé en Ukraine ».
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a fait savoir que des armes tactiques nucléaires russes étaient déjà en cours d’acheminement à la suite d’un décret en ce sens signé par Vladimir Poutine. Le Kremlin n’a pas confirmé cette annonce.
Interrogé par des journalistes, Alexandre Loukachenko a déclaré qu’il était « possible » que ces armes se trouvent déjà en Biélorussie, laquelle partage des frontières avec trois pays membres de l’Otan – Pologne, Lituanie et Lettonie.
Sergueï Choigou a indiqué que les militaires biélorusses ont reçu une formation appropriée et que les deux pays pourraient prendre des mesures supplémentaires pour garantir leur sécurité.
« Les activités militaires de l’Otan sont devenues aussi agressives que possible », a dénoncé le ministre russe de la Défense, d’après les commentaires rapportés par ses services.
(Reportage Guy Faulconbridge et Mark Trevelyan, avec Simon Lewis à Washington; version française Jean Terzian)