La hausse des taux risque de pénaliser l’immobilier, estime la BCE
25.05.2022 13:16
Le marché immobilier de la zone euro, sur lequel les prix sont surévalués, pourrait baisser si les taux du crédit augmentent plus vite que l’inflation, au risque de provoquer l’éclatement de bulles financées par l’endettement, estime la Banque centr
FRANCFORT (Reuters) – Le marché immobilier de la zone euro, sur lequel les prix sont surévalués, pourrait baisser si les taux du crédit augmentent plus vite que l’inflation, au risque de provoquer l’éclatement de bulles financées par l’endettement, estime la Banque centrale européenne (BCE) mercredi.
Elle met également en garde dans sa Revue de stabilité financière contre une baisse continue des prix des actifs si les perspectives économiques se dégradent en raison de la guerre en Ukraine ou si l’inflation se révèle plus forte encore que prévu.
Les prix de l’immobilier dans la zone euro ont enregistré plusieurs années de forte hausse et ce mouvement s’est accéléré pendant la crise du coronavirus, la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE ayant favorisé une baisse du coût du crédit en faisant passer les taux réels, soit hors inflation, en territoire négatif.
La banque centrale, qui se dirige vers une hausse de taux en juillet, la première depuis plus de dix ans, estime que les prix de l’immobilier résidentiel dans la zone euro sont surévalués de près de 15% en moyenne, une surcote qui peut atteindre 60% dans certains pays selon ses estimations, fondées sur la corrélation entre prix et revenus.
Elle précise que les prix pourraient reculer de 0,83% à 1,17% pour chaque relèvement de dix points de base des taux des crédits immobiliers, après prise en compte de l’inflation.
« Une hausse soudaine des taux d’intérêt réels pourrait déclencher une correction des prix de l’immobilier à brève échéance, le niveau actuel bas des taux d’intérêt rendant plus probable un retournement marqué des prix des logements », résume la BCE.
Elle met aussi en garde contre le risque d’une spirale prix/crédit dans certains pays en notant que la Slovaquie, l’Estonie et la Lituanie affichent à la fois la plus forte hausse des prix de l’immobilier résidentiel et la plus forte croissance des prêts immobiliers.
Elle précise que c’est aux Pays-Bas, à Chypre et en Grèce que l’on enregistre les niveaux d’endettement immobilier les plus élevés par rapport au produit intérieur brut (PIB).
Les propriétaires ne sont toutefois pas les seuls exposés aux risques liés à la remontée des taux, poursuit l’article de la Revue de stabilité financière, en soulignant que les Etats endettés, les entreprises et les foyers à bas revenus sont eux aussi vulnérables.
Elle ajoute que le conflit en Ukraine a contribué à la dégradation des conditions financières et qu’il pourrait favoriser une baisse supplémentaire des prix des actifs.
« De nouvelles corrections sur les marchés financiers pourraient être déclenchées par une escalade de la guerre, un ralentissement plus marqué de la croissance mondiale ou la nécessité d’un ajustement plus rapide qu’attendu de la politique monétaire », explique-t-elle.
(Reportage Francesco Canepa, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)