La guerre en Ukraine met à l’épreuve le système financier mondial, selon le FMI
19.04.2022 18:44
L’invasion de l’Ukraine par la Russie accroît les risques auxquels est exposée la stabilité financière mondiale et met à l’épreuve la capacité de résistance du système financier au moment où les taux d’intérêt remontent, a averti le Fonds mon
par Pete Schroeder et Michelle Price
WASHINGTON (Reuters) – L’invasion de l’Ukraine par la Russie accroît les risques auxquels est exposée la stabilité financière mondiale et met à l’épreuve la capacité de résistance du système financier au moment où les taux d’intérêt remontent, a averti le Fonds monétaire international (FMI) mardi.
Si la guerre en Ukraine n’a pour l’instant provoqué aucun choc financier systémique à l’échelle mondiale, les turbulences qu’il a déclenchées risquent de s’amplifier par le biais de différents canaux, estime le FMI dans son dernier Rapport sur la stabilité financière mondiale, un exercice semestriel.
Parmi les canaux de propagation possible, précise l’organisation, figurent les exposition directes et indirectes à la Russie des banques et des institutions non bancaires, les perturbations sur les marchés de matières premières, l’augmentation du risque de contrepartie, le manque de liquidité et les difficultés de financement sur certains marchés ou encore les cyberattaques et le recours accru aux cryptoactifs.
« Si le système financier s’est révélé résilient aux chocs récents, les chocs à venir pourraient être plus douloureux », estime le FMI.
« Une réévaluation soudaine du risque liée à une intensification de la guerre et à l’escalade des sanctions qui en découlerait pourrait révéler certaines des faiblesses accumulées pendant la pandémie et interagir avec elles pour conduire à une forte baisse des prix des actifs », détaille-t-il.
L’exposition des banques mondiales à la Russie et à l’Ukraine est relativement faible et elle est cantonnée à un petit groupe d’établissements européens mais l’exposition indirecte du secteur financier est plus difficile à évaluer.
L’exposition indirecte liée à des activités telles que la banque d’investissement, la gestion de fortune, les financements hors bilan, le financement des marchés de matières premières ou les produits dérivés financiers pourrait donc « surprendre les investisseurs une fois révélée, ce qui conduirait à une forte hausse du risque de contrepartie », estime le rapport.
Pour Tobias Adrian, directeur du département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, les produits dérivés sont l’une des principales sources d’inquiétude.
« Ils sont très opaques et il est difficile de mesurer l’ampleur de l’effet de levier dissimulé », a-t-il dit. Le rapport évoque entre autres le cas des swaps de devises et des contrats à terme « forward », qui pourraient exposer les banques à des pertes en cas d’annulation de transactions non couvertes.
« L’autre sujet de préoccupation, ce sont les marchés privés, la dette privée, les fonds propres privés. Il peut exister des expositions que nous ne voyons pas », a ajouté Tobias Adrian.
Le rapport évoque également le risque de voir les quelques banques spécialisées dans le financement des marchés de matières premières provoquer des perturbations, un risque amplifié par le fait qu’une demi-douzaine de grandes sociétés de négoce et autant de banques dominent ce marché, ce qui crée un risque de concentration.
« Nous sommes quelque peu préoccupés par les marchés de matières premières », a dit Tobias Adrian.
(Reportage Pete Schroeder et Michelle Price, version française Marc Angrand)