La Chine impose des sanctions à l’ambassadrice taïwanaise et à des institutions américaines
07.04.2023 16:33
© Reuters. Photo d’archives de Hsiao Bi-khim, ambassadrice de facto de Taïwan aux États-Unis. /Photo prise le 30 mars 2023 à New York, États-Unis/REUTERS/Taiwan Presidential Office
PÉKIN/TAIPEI (Reuters) – La Chine a imposé de nouvelles sanctions à Hsiao Bi-khim, ambassadrice de facto de Taïwan aux États-Unis, en lui interdisant, ainsi qu’aux membres de sa famille, d’entrer sur le territoire chinois, Hong Kong et Macao, ont rapporté vendredi les médias d’État.
Les sanctions, annoncées par le bureau chinois des Affaires taïwanaises, interdisent également aux investisseurs et aux entreprises liées à Hsiao Bi-khim de coopérer avec des organisations et des personnes en Chine.
La Chine considère Taiwan comme une province renégate et n’exclut pas de recourir à la force pour la ramener dans son giron.
Ces sanctions interviennent après la rencontre de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen avec le président de la Chambre des représentants américain, Kevin McCarthy, lors d’une escale aux États-Unis cette semaine.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a également annoncé des mesures à l’encontre de l’Institut Hudson et de la Bibliothèque Reagan des États-Unis, ainsi que de leurs responsables, affirmant que ces deux institutions offraient une plateforme et des facilités pour ce qu’il qualifie d’activités séparatistes de la présidente taïwanaise.
Aucun des deux organismes n’a répondu à une demande de commentaire dans l’immédiat.
Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a réagi avec colère, assurant que la Chine n’avait pas le droit de « s’immiscer » dans les voyages à l’étranger de sa présidente, et que Pékin « se trompait elle-même » en pensant que les sanctions auraient un quelconque effet.
« Non seulement ces sanctions renforcent l’antipathie de notre peuple, mais elles révèlent la nature irrationnelle et ridicule du régime communiste », a-t-il affirmé.
Les sanctions chinoises auront peu d’impact pratique car les hauts fonctionnaires taïwanais ne se rendent pas en Chine et les tribunaux chinois ne sont pas compétents à Taïwan.
La Chine a imposé des sanctions similaires à la Prospect Foundation, dirigée par un ancien ministre taïwanais des Affaires étrangères, et au Conseil des libéraux et démocrates asiatiques (CLDA), une alliance multinationale cofondée en 1993 par le Parti démocrate progressiste (DPP), le parti au pouvoir à Taïwan.
Le bureau chinois des Affaires taïwanaises a accusé ces institutions de promouvoir l’idée de « l’indépendance de Taïwan » au niveau international.
La Prospect Foundation a exprimé son « profond regret » face à cette décision, déclarant dans un communiqué qu’elle « maintiendrait l’esprit d’indépendance académique et le principe de défense de la souveraineté de Taïwan ».
Le CLDA a déclaré que les sanctions étaient « regrettables », mais qu’il maintenait ses programmes et activités.
(Reportage Liz Lee et le bureau de Pékin, Ben Blanchard à Taipei ; version française Gaëlle Sheehan, édité par Blandine Hénault)