La BCE veut renforcer le suivi du risque de crédit des banques en 2023
12.12.2022 13:47
© Reuters. Le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort. /Photo prise le 26 avril 2018/REUTERS/Kai Pfaffenbach
FRANCFORT (Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé lundi son intention de renforcer la surveillance de la gestion par les banques des risques de crédit comme de la diversification de leurs financements en 2023, année qui pourrait être marquée par une récession et la poursuite de la remontée des taux.
Présentant ses priorités pour l’année à venir, la BCE, autorité de tutelle des principales banques de la zone euro, a expliqué qu’elle suivrait avec une attention accrue l’exposition des établissements de crédit aux secteurs et aux activités les plus vulnérables, dont l’énergie et le courtage énergétique, tout en surveillant l’évolution des marchés de l’immobilier résidentiel et commercial.
« La hausse des taux d’intérêt et la perspective d’une croissance faible voire d’une récession pourraient compliquer à l’avenir la capacité des emprunteurs à assurer le service de leur dette », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Une récente évaluation menée par la BCE a confirmé l’existence de faiblesses en matière de contrôle des risques par les banques, qui touchent entre autres à la classification des emprunteurs en difficulté et aux provisions, explique la BCE.
« Cela rend les banques vulnérables à une forte correction de certains marchés immobiliers, particulièrement le segment de l’immobilier résidentiel, au vu de la dynamique des prix observée ces dernières années », ajoute-t-elle.
La BCE entend donc procéder à des vérifications plus ciblées afin d’encourager une prise en considération « juste et ordonnée » des pertes de crédit potentielles, via une augmentation des provisions.
« De plus, la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation des coûts de construction devraient affecter défavorablement le marché de l’immobilier commercial, notamment le secteur des bureaux, déjà affecté par l’évolution des pratiques de travail et la recherche de qualité liées à la pandémie », précise l’institution.
Parmi les autres risques importants surveillés par la BCE figure la hausse des coûts de financement à laquelle les banques doivent elles aussi faire face.
La fin des opérations de refinancement à long terme à taux très favorables, les TLTRO, qui avaient permis aux établissements de crédit de la zone euro d’emprunter plus de 2.000 milliards d’euros, va les obliger à rechercher d’autres financements sur les marchés.
Ce virage pourrait être difficile à négocier avec la remontée des taux d’intérêt directeurs et la baisse de l’appétit des investisseurs pour le risque, ce qui pourrait pénaliser la rentabilité des banques et leur capacité à maintenir leurs ratios de liquidité et de financement, estime la BCE.
(Reportage Balazs Koranyi, version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer)