La Banque mondiale accuse les politiques libanais de cruauté au sujet du gel de l’épargne
03.08.2022 18:10
La Banque mondiale a accusé dans un rapport publié mercredi les politiques libanais de cruels lorsqu’ils affirment que les avoirs des épargnants dans le pays sont sacrés, et que de tels dires « contredisent de manière flagrante la réalité ». /Photo
BEYROUTH (Reuters) – La Banque mondiale a accusé dans un rapport publié mercredi les politiques libanais de cruels lorsqu’ils affirment que les avoirs des épargnants dans le pays sont sacrés, et que de tels dires « contredisent de manière flagrante la réalité ».
Le Liban est actuellement dans sa troisième année d’un effondrement financier « délibéré », qui a poussé huit personnes sur dix dans la pauvreté, a indiqué la Banque mondiale.
Avec ce rapport, il s’agit de la deuxième fois cette année que la Banque mondiale critique les politiques au pouvoir au Liban, après les avoir accusés en janvier d’avoir « orchestré » l’effondrement économique catastrophique du pays par leur mainmise sur les ressources.
L’effondrement a gelé les économies des épargnants dans le système bancaire paralysé, et a conduit la monnaie locale à perdre plus de 90 % de sa valeur.
« Les slogans politiques sur le sacro-sainteté des dépôts sont creux et opportunistes; en fait, l’abus constant de ce terme par les politiciens est cruel », a déclaré la Banque mondiale dans un rapport.
« (Ce terme) entre non seulement en contradiction flagrante avec la réalité, mais il empêche de trouver des solutions pour protéger la plupart, sinon tous les petits et moyens épargnants, en dollars et en espèces », indique le rapport.
« Les pertes auraient dû être acceptées et supportées par les actionnaires des banques et les grands créanciers, qui ont largement profité au cours des 30 dernières années d’un modèle économique très inégal », a déclaré la Banque mondiale.
Les banques ont prêté massivement à l’État, qui a accumulé d’énormes dettes en grande partie à cause de la corruption.
L’ancien gouvernement a élaboré un plan visant à combler les pertes en 2020, mais a été torpillé par les partis politiques confessionnels ainsi que par les objections du secteur bancaire et de la Banque centrale.
Un nouveau plan approuvé en mai s’est heurté à des objections.
Le rapport de la Banque mondiale se demande dans quelle mesure les autorités ont répondu aux besoins de financement par une pyramide de Ponzi, un système où l’argent placé par les derniers investisseurs arrivés permet de verser les rendements promis aux précédents.
Plus tôt les réformes nécessaires seront engagées, moins le coût de la pyramide de Ponzi sera douloureux pour le peuple libanais », indique le rapport.
Un porte-parole du gouvernement libanais n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
(Reportage Timour Azhari et Tom Perry; version française Charlotte Lavin, édité par Kate Entringer)