Kyiv officialise la fermeture des ports bloqués par la Russie, vers des lourdes pertes de céréales
02.05.2022 12:26
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Champ de blé près du village de Zhovtneve, en Ukraine. Le président ukrainien Volodimir Zelensky a prévenu lundi que le blocus russe imposé aux ports ukrainiens sur la mer Noire pourrait entraîner la perte de dizaines de millions de tonnes de céré
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KYIV (Reuters) – Le ministère ukrainien de l’Agriculture a officialisé lundi la fermeture de ses quatre ports contrôlés par les forces russes, alors que le président Volodimir Zelensky a prévenu que le blocus imposé par Moscou pourrait entraîner la perte de dizaines de millions de tonnes de céréales.
Les ports de Marioupol, Berdiansk et Skadovsk sur la mer d’Azov, ainsi que le port de Kherson, sur la mer Noire – dont les activités sont suspendues depuis le début de l’offensive russe le 24 février – sont fermés « jusqu’au rétablissement du contrôle » ukrainien sur ces infrastructures, a précisé le ministère dans un communiqué.
De son côté, le président ukrainien Volodimir Zelensky a prévenu lundi que le blocus imposé par les forces russes au niveau de la mer Noire pourrait se solder par la perte de dizaines de millions de tonnes de céréales.
« La Russie, qui contrôle la mer Noire, ne laisse ni entrer ni sortir les navires », a déclaré Volodimir Zelensky lors d’une interview accordée au magazine d’information télévisé australien 60 Minutes.
« La Russie veut bloquer complètement l’économie de notre pays », a-t-il ajouté.
L’Ukraine est l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de produits agricoles, en particulier de céréales, et cette situation pourrait donc contribuer à déclencher une crise alimentaire susceptible d’affecter l’Europe, l’Afrique et l’Asie.
UN SUJET AU PROGRAMME DU PROCHAIN G7 AGRICULTURE
En Allemagne, le ministre de l’Agriculture, Cem Özdemir, a évoqué des attaques russes contre les infrastructures céréalières ukrainiennes suggérant que la Russie cherchait également à affaiblir un concurrent commercial sur ce marché.
« Nous recevons régulièrement des rapports faisant état d’attaques russes ciblées contre des silos de stockage de céréales, des entrepôts d’engrais, des zones du culture et des infrastructures », a déclaré Cem Özdemir au groupe de presse régionale Redaktionsnetzwerk Deutschland.
Selon les propos du ministre rapportés par ce groupement, il semblerait de plus en plus que le président russe Vladimir Poutine cherche « à se débarrasser de la concurrence ukrainienne à long terme », tandis qu’à court terme, Moscou bénéficie de la hausse des prix sur les marchés agricoles qui lui apportent davantage de capitaux.
Avec le blocage de ses ports, l’Ukraine a vu le volume de ses exportations céréalières s’effondrer et les autorités de Kyiv ont tenter d’augmenter la part du transport ferroviaire mais se heurtent à des problèmes de compatibilité entre les réseaux ukrainien et européens.
Alors que l’Allemagne assure cette année la présidence du G7, Cem Özdemir a précisé qu’il comptait soulever la question d’une aide aux exportations céréalières ukrainiennes lors d’une réunion des ministres de l’Agriculture du G7 prévue les 13 et 14 mai prochains.
« Nous devons chercher d’autres méthodes de transport », a expliqué Cem Özdemir. « Le transport ferroviaire peut-être une option pour augmenter les exportations de céréales, même si cela demandera beaucoup d’efforts pour un volume limité. »
Depuis le lancement de ce que Moscou décrit comme une « opération militaire spéciale » visant à démilitariser et à « dénazifier » l’Ukraine, les autorités russes démentent régulièrement viser des cibles civiles.
(Reportage Pavel Polityuk, rédigé par Gareth Jones, avec la contribution de Michael Hogan à Hambourg ; version française Myriam Rivet, édité par Kate Entringer et Jean-Michel Bélot)