Israël: Netanyahu hospitalisé, la crise autour du projet de réforme judiciaire s’aggrave
23.07.2023 12:56
© Reuters. Photo d’archives du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. /Photo prise le 17 juillet 2023 à Jérusalem, Israël/REUTERS/Ohad Zwigenberg
par Dedi Hayun et Amir Cohen
JERUSALEM (Reuters) – Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été hospitalisé pour la pose d’un stimulateur cardiaque, alors que des dizaines de milliers de personnes convergeaient dimanche vers Jérusalem pour protester contre un projet de réforme de la Cour suprême débattu au Parlement.
Alors qu’Israël est plongé dans sa plus grave crise politique intérieure depuis des décennies, le chef de l’État, âgé de 73 ans, a été transporté d’urgence au centre médical de Sheba, près de Tel-Aviv, samedi, à la suite de la détection d’une « arythmie temporaire », ont déclaré ses médecins.
La pose du « pacemaker » s’est déroulée sans problème et Benjamin Netanyahu devrait sortir de l’hôpital dans le courant de la journée de dimanche, a indiqué son bureau, ajoutant que ses déplacements prévus à Chypre et en Turquie seraient reprogrammés pour une date ultérieure.
Sa sortie de l’hôpital devrait lui laisser suffisamment de temps pour participer au vote définitif du Parlement lundi sur un élément clé de sa réforme judiciaire très contestée, qui a déclenché des protestations dans tout le pays et soulevé des inquiétudes à l’étranger sur l’état de la démocratie israélienne.
La coalition de Benjamin Netanyahu, composée de plusieurs partis nationalistes et religieux, est déterminée à faire avancer ce projet de réforme présenté par ses détracteurs comme une atteinte à l’indépendance des tribunaux. Le projet vise notamment à limiter le pouvoir de la Cour suprême d’annuler les décisions du gouvernement pour des raisons juridiques, arguant que la Cour est devenue trop interventionniste sur le plan politique.
Les partisans du projet de loi soutiennent que les opposants veulent passer outre la volonté de la majorité qui a porté le gouvernement de Benjamin Netanyahu au pouvoir l’an dernier.
Le résultat du vote de lundi pourrait être connu dans la soirée.
PEUR ET COLÈRE
La crise en cours en Israël s’est étendue à l’armée, des centaines de réservistes volontaires menaçant de ne pas se présenter au service si le gouvernement persiste dans ses projets. D’anciens chefs de l’armée et de la sécurité ont en outre prévenu que la sécurité nationale était désormais menacée.
Des dizaines de milliers d’Israéliens opposés au projet de réforme judiciaire ont défilé à Jérusalem au cours du week-end, arborant des drapeaux et tapant sur des tambours sous un soleil de plomb. Beaucoup ont planté leurs tentes dans un parc près de la Knesset, le Parlement israélien.
« Nous sommes inquiets, nous avons peur, nous sommes en colère. Nous sommes en colère parce que des gens essaient de changer ce pays, de provoquer un recul démocratique. Mais nous avons aussi beaucoup, beaucoup d’espoir », a déclaré à Jérusalem Tzivia Guggenheim, une étudiante âgée de 24 ans, à l’extérieur de sa tente.
Dans la vieille ville, des centaines de manifestants se sont rassemblés près du Mur des Lamentations, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, entonnant des chants et exécutant des pas de danse.
Le projet de réforme judiciaire israélien a provoqué des tensions avec les Etats-Unis, déjà critiques vis-à-vis d’Israël sur fond de montée des violences entre Israéliens et Palestiniens.
Washington a exhorté Benjamin Netanyahu, qui est jugé pour des accusations de corruption qu’il rejette, à rechercher des compromis sur le projet de réforme.
(Reportage Maayan Lubell, Ari Rabinovitch, Amir Cohen, Dedi Hayoun, Rami Amichay et Ilan Rosenberg; version française Claude Chendjou)