Israël concentre ses frappes sur le sud de la bande de Gaza
04.01.2024 17:48
© Reuters. Photo de la fumée qui s’élève au-dessus de Gaza, vue du sud d’Israël. /Photo prise le 4 janvier 2024/REUTERS/Tyrone Siu
par Mohammad Azakir, Nidal al-Mughrabi et Arafat Barbakh
BEYROUTH/LE CAIRE/GAZA (Reuters) – Des frappes israéliennes sur Khan Younès, ville côtière de la bande de Gaza peuplée de réfugiés, ont fait 14 morts jeudi, selon des responsables du ministère de la Santé de l’enclave contrôlée par le Hamas.
Parmi les morts figurent neuf enfants, a déclaré un responsable à Reuters.
L’armée israélienne n’a fait aucun commentaire sur cette attaque, bien qu’elle ait fait état de combats et de frappes aériennes contre des combattants du Hamas dans la zone de Khan Younès jeudi.
Les habitants de Gaza ont également déclaré que des avions et des chars israéliens avaient bombardé trois camps de réfugiés dans le centre de l’enclave en ruines, incitant de nombreux civils à se diriger vers le sud.
Les autorités sanitaires de Gaza ont fait état jeudi de cinq morts dans le camp de réfugiés d’Al Nusseirat, dans le centre de l’enclave, après des frappes israéliennes.
Dans son rapport quotidien, l’armée israélienne a déclaré que ses avions de guerre avaient tué trois militants du Hamas qui tentaient de faire sauter des explosifs à proximité de troupes au sol, et que les soldats israéliens en avaient tué deux autres.
La communauté internationale craint que le conflit ne s’aggrave au-delà de Gaza, en Cisjordanie occupée, à la frontière israélo-libanaise et en mer Rouge.
Les craintes ont été renforcées après la mort mardi du numéro deux du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri, tué dans une attaque de drone israélienne dans la ville de Daniyeh, en périphérie sud de Beyrouth, la capitale libanaise.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que sa puissante milice chiite, soutenue par l’Iran, « ne peut rester silencieuse » à la suite de cet assassinat.
Interrogé sur la façon dont Israël se préparait à une éventuelle riposte du Hezbollah, le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, s’est contenté de répondre : « Nous nous concentrons sur la lutte contre le Hamas ».
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré, alors qu’il rencontrait l’envoyé américain Amos Hochstein, qu’une « nouvelle réalité » dans la région frontalière entre le Liban et Israël était nécessaire pour permettre aux Israéliens qui ont évacué les zones septentrionales de rentrer chez eux.
« Nous ne tolérerons pas les menaces posées par le Hezbollah, mandataire de l’Iran, et nous assurerons la sécurité de nos citoyens », a-t-il déclaré dans un communiqué du ministère.
Depuis le début de la guerre de Gaza, le Hezbollah est impliqué dans des échanges quasi quotidiens de tirs d’obus avec Israël à la frontière sud du Liban. Toutefois, des responsables américains ont déclaré mercredi qu’ils ne voyaient pas de signes indiquant que le Hezbollah était sur le point d’intensifier ses actions contre Israël.
PAS DE PLANS À LONG TERME
Alors qu’Israël s’est engagé à éradiquer le Hamas, ses plans à long terme pour l’enclave ne sont pas clairs. Les gouvernements et les organisations étrangères ont déclaré que toute solution devait tenir compte des aspirations des Palestiniens à un État indépendant, mais cette perspective semble lointaine.
En Cisjordanie occupée, où les Palestiniens aspirent également à la création d’un État, les forces israéliennes ont perquisitionné des maisons dans le camp de réfugiés de Nour al-Shams, dans la ville de Tulkarm, jeudi.
Selon des habitants, l’armée a arrêté au moins 120 personnes et démoli trois maisons, dont une appartenant à un membre des Brigades de Tulkarm, un groupe militant lié à la faction palestinienne du Fatah.
Israël n’a ni confirmé ni nié avoir assassiné Saleh al-Arouri, mais il a promis d’anéantir le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, à la suite de l’attaque transfrontalière du 7 octobre, au cours de laquelle 1.200 personnes ont été tuées et quelque 240 autres enlevées.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, le nombre total de morts palestiniens a atteint 22.438 jeudi, soit près de 1% des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza. Quelque 125 d’entre eux ont été tués au cours des dernières 24 heures.
S’ajoutant à la violence dans la région, deux explosions survenues mercredi dans le sud-est de l’Iran lors d’une cérémonie d’hommage au défunt chef d’une unité d’élite de l’armée ont fait près de 100 morts. Une attaque qui n’a pour l’heure pas été revendiquée.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rend au Moyen-Orient, avec une escale en Israël, pour poursuivre des « consultations diplomatiques », a déclaré un responsable américain.
(Reportage Mohammad Azakir à Beyrouth, Nidal al-Mughrabi au Caire, Arafat Barbakh à Gaza, Maayan Lubell à la frontière entre Israël et Gaza, Dan Williams et Emily Rose à Jérusalem et Trevor Hunnicutt et Jonathan Landay à Washington, rédigé par Angus MacSwan ; version française Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)