Iran: L’incendie de la prison d’Evin s’est déclaré après des heurts entre police et prisonnier-sources
20.10.2022 07:55
© Reuters. La prison d’Evin à Téhéran suite à l’incendie. /Photo prise le 17 octobre 2022/REUTERS/Majid Asgaripour/WANA
(Reuters) – Deux jours avant qu’un incendie ne ravage une section de la prison iranienne d’Evin et ne fasse au moins huit morts, une unité de la police anti-émeute a été déployée sur place et a commencé à patrouiller dans les couloirs en scandant « Dieu est le plus grand » et en frappant les portes des cellules à coups de matraque, ont déclaré six sources à Reuters.
Les patrouilles ont commencé sans aucune provocation apparente de la part des détenus, ont précisé les sources.
Elles se sont poursuivies de jeudi à samedi, lorsque certains prisonniers ont réagi en appelant à la chute du guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei.
« Nous avons entendu des coups de feu et des détenus scander ‘mort à Khamenei' », a déclaré un prisonnier détenu dans la partie de la prison où se trouvent les prisonniers condamnés pour des délits financiers.
Ce prisonnier, qui témoignait pour la première fois, a fait ces déclarations à Reuters à condition de ne pas être nommé et que les détails concernant les moyens qu’il avait utilisés pour communiquer ne soient pas dévoilés.
Les troubles survenus dans la prison d’Evin se sont déclarés après quasiment un mois de manifestations à travers l’Iran à la suite de la mort en détention de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour attitude inconvenante.
Les entretiens que Reuters a pu effectuer avec le prisonnier, des proches d’un autre détenu et quatre défenseurs des droits de l’homme, suggèrent que les slogans anti-gouvernementaux entonnés par les prisonniers ont commencé en réponse aux patrouilles dans la prison, et que les policiers ont utilisé la force pour y mettre fin.
Les sources interrogées par Reuters se sont exprimées à condition de conserver l’anonymat en raison de craintes concernant leur sécurité.
Reuters n’a pas été en mesure de déterminer pourquoi la police anti-émeute avait été déployée dans la prison, quelles raisons avait le gouvernement pour décider de la répression, ni comment l’incendie s’était déclaré.
La prison d’Evin, qui se trouve sur les contreforts des montagnes au nord de Téhéran, abrite à la fois des détenus de droit commun et des prisonniers politiques.
(Rédigé par Michael Georgy; version française Camille Raynaud)