Iran: Déploiements policiers sur fond de rassemblements à la mémoire de Mahsa Amini
26.10.2022 14:58
© Reuters. Des manifestants chantent lors d’une veillée pour Mahsa Amini, la femme décédée en garde à vue le mois dernier, dans le hall d’entrée de l’Université de technologie Khajeh Nasir Toosi à Téhéran, en Iran. /Image diffusée sur les réseaux sociaux
par Parisa Hafezi
DUBAÏ (Reuters) – Les forces de sécurité, et notamment la police anti-émeutes, étaient déployées en force mercredi dans plusieurs grandes villes iraniennes, en prévision de rassemblements en hommage à Mahsa Amini, quarante jours après la mort de la jeune femme de 22 ans en détention après son arrestation pour avoir porté un voile jugé non réglementaire.
Selon plusieurs témoins, de nombreux agents des forces de sécurité étaient déployés à Saqez, ville natalle de Mahsa Amini, dans le Kurdistan iranien, dans le nord-ouest du pays, mais aussi dans la capitale Téhéran, ou encore dans les villes de Tabriz et Rasht, également dans le nord du pays.
La totalité des écoles et des universités de la province du Kurdistan iranien ont par ailleurs été fermées ce mercredi « en raison d’une vague de grippe », ont rapporté les médias officiels iraniens.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont fait savoir que les forces de sécurité avaient demandé à la famille de Mahsa Amini de ne pas tenir de procession commémorative à l’issue de la période traditionnelle de 40 jours de deuil.
A Saqez, policiers et miliciens bassidji (des volontaires qui constituent une force paramilitaire dépendant du corps d’élite des Gardiens de la révolution-NDLR) étaient présents en nombre pour empêcher l’accès au cimetière où repose Mahsa Amini, a rapporté un témoin présent sur place.
Un autre témoin, qui a évoqué « des dizaines et des dizaines » de membres des forces de sécurité et de Bassidji, a souligné que les gens avaient bravé les avertissements et se rendaient au cimetière.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, dont Reuters n’a pas pu vérifier l’authenticité, montraient des membres des forces de sécurité bloquant les routes d’accès à Saqez, ainsi que des gens scandant « mort à (Ali) Khamenei », le guide suprême de la Révolution, dans le cimetière de la ville.
La mort en détention mi-septembre de Mahsa Amini a déclenché une vague de manifestations, qui se sont poursuivies malgré une répression de plus en plus meurtrière, avec au moins 250 morts et des milliers d’arrestations selon les groupes de défense des droits de l’homme.
Ce mouvement de contestation des autorités religieuses iraniennes est l’un des plus importants depuis la révolution islamique de 1979.
Ce mouvement, notamment alimenté jusqu’ici par la jeunesse iranienne – avec des grèves dans des dizaines d’université – pourrait encore prendre de l’ampleur avec la fin de la période de 40 jours de deuil.
Selon une vidéo publiée par un activiste iranien très suivi, des travailleurs d’une raffinerie de Téhéran se sont mis en grève mais l’agence de presse officielle Irna a relayé le démenti d’un responsable de cette raffinerie.
(Rédigé par Parisa Hafezi, version française Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)