Inflation américaine : la banque centrale perd enfin le contrôle – le krach est inévitable
13.09.2023 18:28
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Investing.com – Les derniers chiffres de l’inflation américaine viennent d’être publiés et ils sont une gifle. Ces derniers mois, le marché a cru dur comme fer que le taux d’inflation ne serait bientôt plus que de 2 % et que la banque centrale américaine baisserait alors rapidement les taux d’intérêt pour éviter une récession.
Mais les données disent tout autre chose. Les prix à la consommation ont atteint leur plus bas niveau en juillet, à 3,0 pour cent, et augmentent pour le deuxième mois consécutif. En août, l’ s’élevait à 3,7 pour cent sur une base annuelle, dépassant ainsi les 3,6 pour cent attendus. Sur une base mensuelle, l’ s’est également accéléré pour atteindre 0,3 pour cent, alors que les analystes ne prévoyaient que 0,2 pour cent.
Peter Schiff explique dans son dernier article pourquoi il en est ainsi et pourquoi il vaut mieux ne pas s’attendre à ce que l’inflation et les taux d’intérêt baissent.
L’idée fausse est que la Fed a le contrôle de l’inflation. La baisse rapide par rapport aux sommets de la zone des 9,1 pour cent n’est en aucun cas le résultat d’une politique monétaire réussie. Il est plutôt dû à la baisse des prix du pétrole, selon Schiff. Et même la baisse des prix du pétrole n’a pas répondu à l’appel du marché, car elle n’était pas basée sur une baisse de la demande. Ils étaient au contraire la conséquence d’une augmentation de l’offre par le gouvernement américain, qui a vendu les réserves stratégiques de pétrole du pays.
Dans ce contexte, les prix du pétrole ont chuté de près de 50 %. Mais depuis que le point bas a été atteint en mai, les prix ont déjà augmenté de 37 pour cent. Ce n’est pas étonnant, car les réserves de pétrole américaines ont déjà atteint leur 40e niveau le plus bas de l’année et si, pour une raison ou une autre, il n’y avait pas de réapprovisionnement, l’économie américaine s’arrêterait au bout de 20 jours parce qu’elle n’aurait plus de pétrole.
L’inflation devient ainsi inévitablement le jouet des prix du pétrole, qui ne peuvent plus être manipulés artificiellement par les États-Unis.
Parallèlement, la hausse des taux d’intérêt retombe de plus en plus sur les épaules des Américains, explique Schiff. L’explication est simple, les entreprises américaines doivent refinancer leurs dettes abondamment accumulées à des taux d’intérêt plus élevés. Ces coûts devront bien entendu être répercutés sur les consommateurs.
C’est donc un mélange de hausse des prix de l’énergie et de taux d’intérêt élevés qui empêche l’inflation d’atteindre l’objectif de la Fed de 2 pour cent et de baisser les taux d’intérêt. Schiff poursuit :
« Tout le monde attend que la Fed baisse les taux d’intérêt, car l’économie ne peut en aucun cas survivre sans baisse des taux. Je crains que ce soit la perspective de beaucoup de gens. Ils partent simplement du principe que cela ne sera pas un problème, car bien sûr la Fed va baisser les taux ».
Mais il s’agit là d’une hypothèse erronée qui coûtera encore beaucoup d’argent aux investisseurs. Une grande partie d’entre eux est convaincue que le marché des actions ne présente pas de réel risque. La banque centrale ne laissera pas les cours s’effondrer et y rester.
Ils se moquent des fondamentaux parce qu’ils comptent sur le filet de sécurité de la Fed. Celui-ci a bien servi pendant la crise financière de 2008 et le chaos de Covid. Mais aujourd’hui, ce filet de sécurité n’existe plus parce que la politique monétaire a lâché la bride à l’inflation. Et le président turc Erdoğan a déjà prouvé qu’on ne peut pas lutter contre l’inflation avec des taux d’intérêt bas et des QE.
Schiff est convaincu que quoi qu’il arrive, la Fed ne pourra plus baisser les taux d’intérêt à zéro et adopter de nouvelles mesures de QE. Car si elle le faisait, la chute du dollar serait certaine.
La Fed est de facto incapable d’agir et le jour où les marchés s’en rendront compte, un ralentissement sera amorcé, comme personne ne peut actuellement l’imaginer.
Le moment Minsky dont parlait récemment l’analyste Ven Ram de Bloomberg risque alors de se produire. Un moment d’illumination où tous les investisseurs réalisent qu’ils ont couru après des actifs surévalués et que tous veulent en sortir en même temps, quel que soit le prix.