IA, valorisations, dettes : Attention à un effondrement imminent des marchés
15.10.2024 04:26
Investing.com – Comme bien d’autres, Nassim Taleb, économiste de renom et expert en risques, a récemment mis en garde contre un potentiel krach des marchés, alors que les indices US continuent d’enchainer les records.
Selon lui, les États-Unis se trouvent en effet dans l’un des environnements d’investissement les plus précaires depuis des décennies.
L’auteur de « The Black Swan », célèbre traité sur les risques liés aux événements improbables, a fait part de ses inquiétudes concernant lors d’une interview accordée à Bloomberg vendredi dernier.
Il y fait remarquer que l’environnement reflète les krachs précédents, et il a ajouté qu’il s’efforçait de se préparer à un tel événement.
« Nous avons beaucoup de risques qui s’accumulent », a-til déclaré.
« Je dirais que… mon objectif serait plutôt de me protéger contre un éventuel effondrement du marché, car nous sommes plus fragiles que nous ne l’avons jamais été au cours des 20 dernières années, voire des 30 dernières années », a-t-il ajouté.
M. Taleb a mis en évidence une série de risques qui pèsent sur le marché malgré le contexte haussier des actions au cours de l’année écoulée.
Il a notamment souligné que les prix des actions semblent « fous », notant que la majeure partie de la hausse du S&P 500 s’est concentrée sur un petit groupe d’entreprises liées à l’intelligence artificielle.
Pourtant, il n’est pas certain que ces entreprises présentent le plus grand potentiel de croissance, rappelant la rotation des entreprises les plus performantes pendant la bulle Internet.
« L’intelligence artificielle sera le meilleur investissement. Mais peut-être pas dans ces entreprises », a-t-il déclaré.
Taleb a aussi souligné que l’économie américaine a été « déroutante », avec l’incertitude de savoir si certains secteurs sont en surchauffe, dans un contexte où les économies mondiales sont dépendantes les unes des autres, grâce à la mondialisation accrue depuis la pandémie.
Cela signifie que les chocs étrangers sont plus susceptibles de se propager, a-t-il fait remarquer, un autre facteur qui complique l’environnement d’investissement.
L’économiste a aussi estimé que l’Occident est plus endetté « qu’il ne peut l’être », le ratio dette/PIB aux États-Unis s’étant établi 124 % à la fin du mois de septembre. Si les niveaux d’endettement élevés sont combinés à un choc extérieur, cela pourrait entraîner une « spirale de la mort », avait prédit Taleb lors d’une précédente intervention.
« Ces crises surviennent au moment où l’on s’y attend le moins », a déclaré M. Taleb.
« Je pense que nous nous trouvons dans un environnement très similaire à celui que nous avons connu lors des effondrements précédents, et que le marché devient complaisant. Les gens sont habitués. Ils peuvent prendre quelques précautions au début, mais ensuite ils se débarrassent de toute précaution… et c’est à ce moment-là que la vulnérabilité sera à son maximum ».