Gazprom baisse ses livraisons à Engie, Paris dénonce le recours au gaz comme « arme de guerre »
30.08.2022 12:10
Le groupe Engie annonce mardi dans un communiqué avoir été informé par Gazprom d’une réduction de ses livraisons de gaz, à compter de ce mardi, en raison d’un désaccord entre les parties sur l’application de contrats. /Photo d’archives/REUTERS/Dado
PARIS (Reuters) – Engie (EPA:ENGIE) a annoncé avoir été informé par Gazprom d’une nouvelle réduction de ses livraisons de gaz à compter de ce mardi, ce qui a conduit la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, à dénoncer l’utilisation du gaz « comme arme de guerre » par la Russie.
« Gazprom a informé le groupe Engie de la réduction de ses livraisons de gaz, à compter d’aujourd’hui (mardi-NDLR), en raison d’un désaccord entre les parties sur l’application de contrats », déclare le groupe français dans un communiqué.
Engie rappelle que les livraisons du géant russe de l’énergie à son égard avaient déjà « considérablement diminué » depuis le début de la guerre en Ukraine il y a plus de six mois. L’approvisionnement mensuel récent s’élevait à environ 1,5 TWh, à rapporter à des approvisionnements totaux annuels d’Engie en Europe supérieurs à 400 TWh, précise le groupe.
Engie ajoute avoir « d’ores et déjà sécurisé les volumes nécessaires pour assurer l’approvisionnement de ses clients et pour ses propres besoins » et mis en place les mesures nécessaires pour « réduire significativement » l’impact d’une éventuelle interruption des livraisons de gaz par Gazprom.
« Très clairement, la Russie utilise le gaz comme arme de guerre et nous devons nous préparer au scénario du pire qui est une interruption (totale) des livraisons », a déclaré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, mardi matin sur France Inter, en soulignant que « là, aujourd’hui, (Gazprom) continue les livraisons de gaz russe ».
La nouvelle baisse des livraisons de Gazprom à Engie ne compromet cependant pas la sécurité de l’approvisionnement de la France, souligne-t-on dans l’entourage de la ministre. « Nous travaillons depuis le début à un scénario où l’approvisionnement en gaz russe serait réduit à zéro », ajoute-t-on.
CONSEIL DE DÉFENSE
Dans un contexte de forte hausse des prix de l’électricité et d’inquiétude autour d’une éventuelle interruption totale des livraisons de gaz russe, le gouvernement français accentue la pression en faveur d’une réduction plus rapide de la consommation.
La Première ministre Elisabeth Borne a appelé lundi les entreprises françaises à la sobriété énergétique face aux risques de pénurie de gaz cet hiver et un conseil de défense dédié à l’énergie est prévu vendredi matin à l’Elysée.
« L’approvisionnement en gaz et en électricité étant un intérêt vital pour le pays, le conseil de défense et de sécurité nationale aura pour objectif de faire le point sur la situation ainsi que sur les scénarios envisagés pour se préparer à tous les cas de figure cet automne et cet hiver », indique-t-on à l’Elysée.
« Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est que nous nous organisons pour ne pas avoir de coupure cet hiver », a expliqué Agnès Pannier-Runacher sur France Inter.
Les stocks stratégiques de gaz de la France sont remplis à plus de 90%, ce qui représente « deux mois d’avance grosso modo », a-t-elle souligné.
« Sur un hiver normal, nous avons suffisamment de gaz en quantité », mais il faut se préparer pour d’éventuels vagues de froid et les pics de consommation associés.
Dans cette optique, la « sobriété choisie » constitue le premier levier d’action, avec une diminution de 10% de la consommation d’électricité et de gaz réclamée aux ménages et aux entreprises.
Mais face à d’éventuels pics de froid, en cas de tension sur le réseau, « nous pourrions rentrer dans un scénario de rationnement ponctuel » et passer à « une logique de délestage ».
Pour l’électricité, les éventuelles coupures, lors des pics de consommation, s’effectueraient de manière tournante et pour une durée maximale de deux heures.
Pour le gaz, d’éventuelles interruptions ne concerneraient que les industries et pourraient durer un ou deux jours, notamment du fait de la complexité des manoeuvres, a expliqué la ministre.
(Rédigé par Myriam Rivet, avec la contribution d’Elizabeth Pineau, édité par Jean-Stéphane Brosse)