Gaza: Une équipe d’humanitaires décrit l’hôpital Al Chifa comme une « zone de mort »
19.11.2023 16:46
© Reuters. Des tentes et des abris utilisés par des Palestiniens déplacés dans la cour de l’hôpital Al Shifa, dans la ville de Gaza. /Photo prise le 12 novembre 2023/REUTERS/Ahmed El Mokhallalati
(Reuters) – Une mission d’évaluation humanitaire s’est rendue à l’hôpital Al Chifa, dans le nord de Gaza, qu’elle a décrit comme une « zone de la mort » après y avoir vu des traces de bombardements et de tirs, a déclaré samedi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
La mission conduite par l’OMS, dont faisaient partie des experts de santé publique, des spécialistes de la logistique et du personnel de sécurité de plusieurs départements de l’Onu, n’a pu passer qu’une heure samedi dans l’enceinte de l’hôpital en raison de risques de sécurité, a indiqué l’OMS dans un communiqué.
L’équipe a décrit l’hôpital comme une « zone de mort » et estimé que la situation était « désespérée », alors que l’hôpital ne fonctionne pas comme un établissement médical en raison du manque d’eau propre, de carburant, de médicaments et d’autres produits essentiels.
« Des traces de bombardements et de tirs étaient évidentes. L’équipe a vu une fosse commune à l’entrée de l’hôpital, et on leur a dit que plus de 80 personnes y étaient enterrées », précise le communiqué de l’OMS.
Les couloirs et l’enceinte de l’hôpital étaient jonchés de déchets, notamment médicaux, et les patients et le personnel médical ont fait part de leur inquiétude concernant leur santé et leur sécurité, dit le communiqué.
L’OMS a indiqué que 25 membres du personnel médical et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, se trouvaient encore à Al Chifa.
« L’OMS et ses partenaires travaillent dans l’urgence pour élaborer des plans afin d’évacuer immédiatement les patients restants, le personnel médical et leurs familles », a dit l’organisation.
« Des missions supplémentaires seront mises en place dans les prochaines 24 à 72 heures, si des garanties concernant un passage sûr sont données par les parties au conflit, afin de transporter rapidement les patients » vers d’autres hôpitaux dans le sud de Gaza.
L’armée israélienne n’a pas immédiatement fait de commentaire sur le communiqué de l’OMS.
Les 2.500 personnes déplacées qui s’étaient réfugiées dans l’enceinte de l’hôpital sont parties après l’ordre d’évacuation donné samedi par les Forces de défense israéliennes, a dit l’OMS.
Les forces israéliennes ont investi cette semaine le complexe hospitalier d’Al Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, dans le nord du territoire, et pénétré dans l’enceinte qui abriterait dans ses sous-sols selon Israël un vaste poste de commandement du Hamas, ce que dément le groupe palestinien.
L’OMS a indiqué que la visite de la mission avait été organisée en coordination avec l’armée israélienne afin de réduire les risques, mais qu’elle s’était déroulée dans une zone de conflit et que d’importants combats se déroulaient près l’hôpital.
L’organisation a réitéré ses appels à un cessez-le-feu immédiat et à une aide humanitaire prolongée, expliquant que les options en matière de soins médicaux dans l’enclave s’amoindrissaient.
(Reportage Gursimran Kaur à Bangalore et Doina Chiacu à Washington; version française Camille Raynaud)