France: Retraite à 65 ans, une base de négociation pour le gouvernement
29.11.2022 16:09
© Reuters. Le président Emmanuel Macron organise une réception pour les maires de France, à Paris. /Photo prise le 23 novembre 2022/REUTERS/Michel Euler
PARIS (Reuters) – Le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, constituera la base des négociations menées avec les partenaires sociaux qui s’ouvriront cette semaine sur l’équilibre financier du régime, a souligné mardi une source gouvernementale.
Cette borne n’est toutefois pas figée dans le marbre et pourrait être modifiée au fil des discussions, a ajouté cette source à deux semaines de la présentation du projet de réforme qui a pour objectif de rééquilibrer le régime des retraites.
« On entre dans la concertation avec 65 ans. Si ça doit bouger, ça bougera. Les concertations ne sont pas inutiles », a-t-elle dit, confirmant ainsi une information de RTL (ETR:) selon laquelle la piste privilégiée par le gouvernement serait de décaler l’âge de départ de 62 à 65 ans.
Pour le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui s’est exprimé à l’issue du conseil des ministres, le gouvernement maintient sa feuille de route.
« Le président de la République s’est exprimé pendant la campagne. Ça a été rappelé que notre projet, c’est celui qui consiste à faire en sorte (…) que les Français puissent compter sur une retraite dans 10 ans, 20, 30, 50 ans, et donc que notre système soit équilibré », a-t-il dit.
Pour y parvenir, a-t-il poursuivi, il faut « travailler un peu plus longtemps ». Mais il précise aussi que l’âge de départ à la retraite envisagé par l’exécutif peut évoluer.
« L’âge de 65 ans a été donné, ce qui ne veut pas dire que la concertation ne sera pas utile, nécessaire, et qu’elle ne peut pas faire changer les choses », a-t-il dit.
REUNION INTERSYNDICALE LE 5 DECEMBRE
Pour la négociatrice de la CGT, Catherine Perret, toute discussion ne ferait bouger le gouvernement qu’à la marge.
Elle craint qu’une autre piste soit envisagée, celle d’un mix entre une augmentation de l’âge légal à la retraite à 64 ans et une accélération du calendrier de la réforme des retraites de 2014 qui doit porter la durée de cotisation à 43 ans.
Cette proposition a été portée par le groupe Les Républicains au Sénat dans un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale qui a été rejeté.
« Ce serait plus injuste encore car ce serait la double peine, notamment pour les personnes qui ont des carrières hachées, donc souvent les femmes, et qui doivent travailler plus longtemps », a-t-elle dit à Reuters.
Fermement opposées à tout report de l’âge légal de départ à la retraite, les organisations syndicales préparent la parade. Elles doivent se réunir le lundi 5 décembre pour décider d’actions communes.
Pour le négociateur de Force ouvrière, Michel Beaugas, seules de « fortes mobilisations » feront reculer le gouvernement sur cette question.
« Toutes les organisations syndicales ont acté le principe qu’elles pourraient agir très vite », a ajouté Catherine Perret qui précise que s’il y avait une mobilisation, elle débuterait probablement en janvier.
Interrogé sur RTL lundi, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a mis en garde le gouvernement contre le risque d’un embrasement du pays.
« Je crois qu’il y a une incandescence extrêmement forte aujourd’hui dans notre pays, beaucoup de difficultés sociales et beaucoup d’inquiétudes. Et je crois que sortir un âge légal de départ à la retraite à 64 ou 65 ans fin décembre et début janvier, c’est mettre beaucoup de conflit dans le pays », a-t-il dit. « La CFDT se mobilisera si c’est le cas ».
(Elizabeth Pineau et Caroline Pailliez, édité par Blandine Hénault)