France: La croissance faiblit au T3 malgré les dépenses des ménages
31.10.2023 10:58
© Reuters. Photo d’archives des gratte-ciels du quartier d’affaires de La Défense à Paris. /Photo prise le 30 septembre 2022 à Paris, France/REUTERS/Benoit Tessier
PARIS (Reuters) – La croissance de l’économie française n’a été que de 0,1% au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, pénalisée par la contraction du commerce extérieur et les variations de stocks qui ont effacé une bonne partie de l’accélération de la demande intérieure, selon une première estimation publiée mardi par l’Insee.
Ce chiffre marque un ralentissement sensible par rapport à la progression de 0,6% (révisé de 0,5%) du produit intérieur brut (PIB) de la France sur les trois mois précédents.
Cette croissance ralentie correspond cependant aux prévisions de la Banque de France et des économistes interrogés par Reuters.
Le ministre de l’Economie s’est félicité du redémarrage des dépenses de consommation des ménages (+0,7% après une croissance nulle au deuxième trimestre), qui a évité à l’économie française une contraction au troisième trimestre.
« C’est la preuve que pour la première fois depuis de nombreux mois, le revenu des ménages augmente plus vite que l’inflation », a estimé Bruno Le Maire pendant une conférence téléphonique avec des journalistes.
« Ce redémarrage de la consommation est d’autant plus important que le taux d’épargne des ménages a explosé au cours des derniers mois », a-t-il poursuivi, estimant que ce taux, passé de 15 à 19% en France, explique en partie le différentiel de croissance avec les Etats-Unis où l’épargne a au contraire reculé de 9 à 5%.
La demande intérieure finale (hors stocks) a ainsi contribué positivement à la croissance du PIB au troisième trimestre (+0,7 point, après +0,2 point les trois mois précédents), compensant notamment le recul du commerce extérieur sous l’effet d’une nette contraction des exportations (-1,4% après +2,4% au deuxième trimestre).
Assurant avoir « tenu (ses) objectifs de croissance pour 2023 » (Bercy prévoit +1,0% sur l’année), Bruno Le Maire a estimé que le recul de l’inflation devrait permettre au gouvernement d’atteindre également ses objectifs en 2024, compris pour le moment dans une fourchette de 1,4 à 1,6%.
RECUL DE L’INFLATION
En octobre, l’inflation en France a nettement ralenti, tombant à 4% après 4,9% le mois dernier, à la faveur d’une moindre hausse des prix de l’énergie, de l’alimentation et des produits manufacturés qui a compensé une légère accélération des prix des services.
Cette tendance baissière, perceptible ailleurs en Europe, « est appelée à se poursuivre, sauf si le conflit au Proche-Orient venait à déclencher un choc pétrolier », observe dans une note Sylvain Bersinger, économiste chez Asteres.
Un risque reconnu par le gouvernement: « nous sommes parfaitement lucides sur les risques liés au conflit au Proche-Orient », a dit Bruno Le Maire. « Toute extension du conflit amènera une flambée du prix des matières premières, une flambée des prix de l’énergie et par conséquent un impact sur la croissance européenne. »
D’autant que les perspectives intrinsèques pour l’économie européenne sont moroses pour la fin de l’année.
En octobre, l’activité du secteur privé de la zone euro s’est dégradée plus que prévu avec le ralentissement de la demande pour tomber à un plus bas de trois ans.
« Les premiers indicateurs publiés pour le quatrième trimestre sont faibles et laissent penser que l’économie française risque de continuer à ralentir en fin d’année 2023 », dit Charlotte de Montpellier, économiste chez ING (AS:).
« Il semble très peu probable d’assister à un rebond au cours du quatrième trimestre. »
(Rédigé par Tangi Salaün, avec Tassilo Hummel et Blandine Hénault, édité par Bertrand Boucey)