France: Forte hausse du marché auto en 2023, incertitude pour 2024
01.01.2024 12:17
© Reuters. Une usine du constructeur automobile Nissan, en Grande-Bretagne. /Photo prise le 24 novembre 2023/REUTERS/Ian Forsyth
PARIS (Reuters) – Les immatriculations de voitures neuves en France ont augmenté de 14,54% en données brutes en décembre, selon des chiffres publiés lundi par la Plateforme de la filière automobile (PFA), donnant pour l’ensemble de 2023 une progression de 16,07% – soit la plus forte en pourcentage depuis une dizaine d’années.
Cette performance, imputable surtout à un effet de rattrapage après les perturbations récentes liées aux approvisionnements de puces et aux difficultés logistiques, n’éclipse pas le fait qu’en volume absolu, le marché reste toujours loin d’avoir retrouvé ses niveaux d’avant-COVID.
En 2022, les immatriculations de voitures neuves avaient baissé de 7,8% à cause des pénuries de semi-conducteurs, après avoir stagné en 2021 et chuté de plus d’un quart en 2020 du fait de la crise sanitaire.
Malgré son rebond de l’an dernier, le marché reste bien en deçà de son niveau de 2019 (2,2 millions d’immatriculations).
Il s’est immatriculé 181.011 véhicules particuliers dans l’Hexagone le mois dernier, a rapporté le PFA. Décembre a compté 20 jours ouvrables en 2023, contre 22 en 2022.
Sur l’ensemble de l’année écoulée, le marché a enregistré 1.774.729 immatriculations.
Celles-ci devraient croître à nouveau en 2024, mais plusieurs porte-parole de la PFA soulignent qu’il est difficile à ce stade de dire de combien.
Les inconnues planant sur l’année qui s’annonce restent nombreuses avec les tensions géopolitiques et le contexte inflationniste, qui pèsent sur le moral des ménages, sans oublier les incertitudes alimentées par les changements dans les aides publiques à l’électrification.
L’Allemagne a ainsi décidé de mettre fin brutalement à son bonus pour les véhicules électriques, tandis que la France a durci les critères d’attribution du sien, pour tenir compte du bilan carbone de l’ensemble du cycle de production, et pourrait, selon les Echos, réduire de 1.000 euros l’aide de 5.000 euros en vigueur hors ménages modestes.
L’Association des constructeurs européens d’automobiles (Acea) table sur une nette décélération de la croissance de l’ensemble du marché automobile européen l’an prochain à environ +2,5%, contre +12% estimé en 2023.
Les ventes de voitures électriques sur le continent sont attendues elles en progression de 30% à 40%, contre +55% estimé en 2023, une croissance ralentie elle aussi mais toujours vigoureuse grâce à un possible début de baisse, tant attendu, des tarifs, et à une multiplication de l’offre de modèles, chez les marques historiques comme chez la concurrence chinoise.
Les analystes d’EvercoreISI sont plus pessimistes en raison du manque de visibilité sur les aides et les prix.
« Tant qu’il n’y a pas en nombre suffisant de nouveaux modèles plus abordables, nous adoptons dans un premier temps une posture plus conservatrice », a expliqué dans un e-mail à Reuters l’analyste automobile Chris McNally.
EvercoreISI table sur une croissance de 10-15% pour l’ensemble du marché des véhicules électrifiés – hybrides compris – en Europe en 2024.
(Rédigé par Gilles Guillaume, édité par Jean Terzian)