France: Des stations-service fermées au 11e jour de grève dans les raffineries
07.10.2022 13:25
© Reuters. Des messages indiquant « hors service » sont visibles dans une station-service TotalEnergies à Reze près de Nantes, en France. /Photo d’archives prise le 3 décembre 2019/REUTERS/Stéphane Mahé
PARIS (Reuters) – Environ 10% des stations-service d’Île-de-France connaissent des difficultés d’approvisionnement, a déclaré vendredi matin le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, alors que la grève dans plusieurs raffineries françaises est entrée dans son 11e jour.
Les pénuries au moins ponctuelles d’essence, qui avaient débuté dans la région des Hauts-de-France, dans le nord du pays, se sont étendues ces derniers jours et concernent désormais 15% des stations-service au niveau national, a précisé Olivier Véran sur BFM TV et RMC Info.
Le porte-parole du gouvernement a reconnu que « le week-end va être tendu » alors que le syndicat CGT a promis de poursuivre la grève qui paralyse plusieurs raffineries, dont les deux plus grandes du pays, exploitées par TotalEnergies et ExxonMobil (NYSE:), tant que ses revendications salariales n’auront pas été entendues.
La CGT réclame notamment des augmentations de salaires de 10% pour les salariés de TotalEnergies afin de prendre en compte l’inflation et la hausse du coût de la vie alors que le groupe énergétique français réalise des bénéfices record.
Un porte-parole du syndicat, Thierry Defresne, a déclaré vendredi à Reuters que la situation était inchangée dans les raffineries de TotalEnergies en grève.
Le mouvement social, appelé à « s’ancrer dans la durée », selon la CGT, réduit de 60% la capacité de raffinage de la France, soit 740.000 barils de par jour, ce qui impose au gouvernement de puiser dans ses « stocks stratégiques » ou d’importer de l’essence.
Olivier Véran a répété vendredi que la France n’était pas confrontée à une pénurie de carburant, mais à des « difficultés temporaires de distribution ».
STOCKS STRATÉGIQUES
« Ces pénuries sont accentuées par des automobilistes qui craignent de ne pas avoir d’essence », a déploré le porte-parole du gouvernement, appelant une nouvelle fois à ne pas céder à la panique. « Il y a de l’inquiétude et un certain nombre de nos compatriotes vont dans les stations avec leurs jerricans », a-t-il constaté.
L’utilisation des jerricans a déjà été interdite dans les Hauts-de-France, où l’afflux de conducteurs venant de Belgique pour profiter d’une essence moins chère que dans leur pays a aggravé les difficultés.
Les tensions sur l’approvisionnement sont aussi accentuées par la ristourne consentie par TotalEnergies, qui a provoqué une ruée vers les stations-service du groupe, a souligné Olivier Véran.
Le porte-parole du gouvernement a exclu de réquisitionner les raffineries, comme l’a suggéré le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, promettant plutôt de puiser davantage dans les stocks stratégiques du pays si la situation l’impose.
« Nous sommes attentifs à ce que ce mouvement social trouve une issue rapidement, pour ne pas déclencher une spirale de désagréments très gênants », a-t-il toutefois assuré.
Un porte-parole de l’Union française des industries pétrolières (Ufip) a déclaré à Reuters que tant que le problème demeure logistique, les réserves stratégiques de la France ne sont pas affectées, grâce à un effet de vases communicants entre les régions qui ont un besoin ponctuel d’essence et celles qui disposent d’un surplus.
Les stocks stratégiques garantissent à la France de disposer de trois mois de consommation de carburant d’avance.
(Reportage de Sudip Kar-Gupta et Forrest Crellin, rédigé par Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)