Cinquième journée d’action contre la réforme des retraites en France
16.02.2023 14:15
© Reuters. Photo des étudiants lors de la cinquième journée d’action contre la réforme des retraites en France. /Photo prise le 16 février 2023 à Paris, France/REUTERS/Benoit Tessier
PARIS (Reuters) – Les premiers cortèges de manifestants se sont élancés jeudi en France pour une cinquième journée de protestation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, que l’Assemblée nationale doit achever d’examiner vendredi soir.
Les organisations syndicales, unies dans leur rejet du relèvement à 64 ans de l’âge légal de la retraite, présentent cette nouvelle étape de la mobilisation comme un dernier signal adressé à l’exécutif avant la journée du 7 mars, où elles menacent de mettre la France à l’arrêt, avec une grève reconductible.
Une partie de la France étant en vacances d’hiver, la mobilisation s’annonce moins forte que samedi dernier (963.000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur, 1,8 million selon la CFDT, 2,5 millions pour la CGT), de même que le nombre de grévistes.
« Les premiers chiffres montrent que (…) la mobilisation est toujours là et que la détermination est plus grande que jamais », a toutefois assuré le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez à Albi (Tarn), où il a choisi de défiler au côté de son homologue de la CFDT Laurent Berger et des autres responsables syndicaux afin de souligner la forte implication des villes petites et moyennes dans le mouvement de contestation.
« Aujourd’hui, en quelque sorte, c’est la dernière sommation avant le 7 mars », a déclaré Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa, cité par BFM TV. « C’est l’occasion pour le gouvernement de prendre en compte l’ampleur de la contestation et peut-être de reculer avant le 7 mars », a-t-il ajouté.
« Le 7 mars, on bloque tout, tout doit s’arrêter partout », a lancé le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon à Montpellier.
TRAFIC QUASI NORMAL
Le trafic à la SNCF était moins perturbé que lors des précédentes journées (19 et 31 janvier, 7 et 11 février). A la mi-journée, la compagnie annonçait sur son site un trafic quasi-normal à l’exception de perturbations dans le Sud-Est.
A Paris, la RATP anticipait un trafic « quasi normal » dans le métro et « légèrement perturbé » dans le RER B.
Dans les airs, la Direction générale de l’aviation civile a demandé aux compagnies d’annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% dans les aéroports de Toulouse, Marseille, Lyon, Montpellier et Nantes.
Les expéditions à partir des sites pétroliers de TotalEnergies en France n’étaient interrompues jeudi que sur celui de La Mède, a déclaré jeudi un porte-parole du groupe.
Les syndicats, appuyés par une large majorité de Français selon les études d’opinion, dénoncent notamment le projet gouvernemental de reporter de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, qui correspond à l’article 7 de la réforme.
Après une semaine et demie de débats très houleux à l’Assemblée, seuls les tout premiers articles d’une réforme qui en compte 20 ont été discutés.
L’article 2, relatif à la création d’un « index senior » dans les entreprises, a été rejeté mardi soir.
Les leaders syndicaux et nombre de députés souhaitent qu’un vote ait lieu à l’Assemblée sur l’article 7 avant la fin, fixée à vendredi soir, de débats ralentis par des milliers d’amendements déposés notamment par La France insoumise.
« L’obstruction n’est pas une solution », a déclaré dimanche Laurent Berger.
L’appel a été entendu jeudi par les élus communistes, qui ont décidé de retirer quelque 350 amendements.
Le débat sur la réforme commencera la semaine du 27 février au Sénat, où la droite est majoritaire, avant une Commission mixte paritaire permettant aux deux chambres de trouver des points d’accord envisagée le 15 mars.
(Rédigé par Elizabeth Pineau et Jean-Stéphane Brosse, édité par Kate Entringer)