Borne reprend le dialogue avec des syndicats défiants
16.05.2023 11:48
© Reuters. La Première ministre française Elisabeth Borne assiste aux cérémonies marquant le 78e anniversaire de la victoire contre les nazis et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, en France. /Photo prise le 8 mai 2023/REUTERS/Ludovic Marin
PARIS (Reuters) – Des syndicats toujours remontés contre la réforme des retraites rencontrent cette semaine la Première ministre Elisabeth Borne, déterminée à avancer avec eux sur des dossiers liés au travail cruciaux pour la suite du quinquennat d’Emmanuel Macron.
La cheffe du gouvernement, qui celèbre le premier anniversaire de son arrivée à Matignon, s’entretient mardi et mercredi avec cinq organisations syndicales – CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC -, avant de recevoir les représentants du patronat la semaine prochaine.
S’ils ont accepté de la rencontrer, les membres de l’intersyndicale toujours unie n’ont pas pour autant renoncé à leur 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, programmée le 6 juin, deux jours avant l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi du groupe centriste Liot abrogeant le texte censé entrer en vigueur en septembre.
« On va d’abord lui parler des retraites en lui disant qu’il y a un nouveau rendez-vous à l’Assemblée nationale et qu’il faut laisser faire ce rendez-vous », puis « on lui dira qu’il faut réparer » ce qu’elle a « un peu abîmé dans le monde du travail », a déclaré mardi matin sur France 2 le leader de la CFDT Laurent Berger, qui sera reçu à 19h30.
Celui qui quittera son poste en juin pour laisser la place à Marylise Léon a jugé « extrêmement floues » les propositions de baisses d’impôts pour les classes moyennes proposées lundi soir sur TF1 (EPA:) par le président Emmanuel Macron.
« Une baisse des impôts, ça ne fait pas une politique sociale, ça ne fait pas une augmentation des salaires, ça ne fait pas une amélioration des conditions de travail », a-t-il jugé à propos de ces mesures censées concerner les travailleurs gagnant entre 1.500 et 2.500 euros par mois.
ORDRE DU JOUR OUVERT
« Comment va-t-on financer l’éducation, l’hôpital public, la transition écologique ? », s’est-il interrogé. « C’est une forme de paresse à ne pas vouloir regarder autrement la politique fiscale de notre pays ».
Pour la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, « les salariés ne tourneront pas la page » d’une réforme des retraites qui continue de faire descendre dans la rue des manifestants armés de casseroles à chaque déplacement du chef de l’Etat ou de membres du gouvernement.
« Ce que je vais dire à la Première ministre, c’est qu’il n’y aura pas de retour à la normale si cette réforme n’est pas abandonnée », a-t-elle prévenu dimanche sur LCI. « La défiance restera ».
Elisabeth Borne a volontairement laissé ouvert l’ordre du jour des entretiens de Matignon, où devraient s’inviter des thèmes comme les salaires, la pénibilité, l’emploi des seniors et le compte épargne temps universel.
« Même après ces mois agités, je reste convaincue qu’il faut donner plus de place à la négociation et au dialogue social. C’est pour cela que je n’ai pas souhaité adresser un ordre du jour détaillé pour ces rencontres : je suis à l’écoute des priorités que les organisations syndicales et patronales souhaitent mettre dans la discussion », a-t-elle souligné dans un entretien au Journal du dimanche.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)