Argentine: Javier Milei, outsider d’extrême droite, vainqueur surprise des primaires
14.08.2023 09:17
© Reuters. Le candidat argentin à la présidence de l’alliance La Libertad Avanza, Javier Milei, milieu, sur scène à son QG de campagne à Buenos Aires, en Argentine. /Photo prise le 13 août 2023/REUTERS/Stringer
par Nicolás Misculin, Eliana Raszewski et Candelaria Grimberg
BUENOS AIRES (Reuters) – Les électeurs argentins ont puni les deux principaux partis politiques du pays lors des primaires dimanche, plaçant un ultralibéral d’extrême droite en tête des suffrages, à quelques mois de l’élection présidentielle qui doit se tenir en octobre.
Avec près de 90% des bulletins dépouillés, le candidat libertarien, Javier Milei, crée la surprise et arrive en tête avec 30,5% des votes. Il devance Patricia Bullrich du principal parti d’opposition de droite (28%) et le candidat péroniste de la coalition au pouvoir, Sergio Massa, qui prend la troisième place avec 27% des suffrages.
Ce résultat est un avertissement envoyé à la coalition de centre-gauche au pouvoir et à l’opposition conservatrice dans un pays où l’inflation atteint les 116% et où le coût de la vie a plongé quatre Argentins sur dix dans la pauvreté.
« Nous sommes la vraie opposition », a déclaré Javier Milei dans un discours prononcé après la publication des premiers résultats. « Une Argentine différente est impossible avec les mêmes vieilles recettes », a-t-il poursuivi.
Les primaires, où le vote est obligatoire pour la plupart des adultes, font office de répétition générale avant l’élection présidentielle du 22 octobre et font de Javier Milei le favori.
Cette élection revêt une importance majeure pour l’Argentine, un des plus gros pays exportateurs de soja, et boeuf, à l’heure où Buenos Aires est en pourparlers avec le Fonds Monétaire International (FMI) pour un accord sur sa dette colossale de 44 milliards de dollars (40,25 milliards d’euros).
Avec la crise économique, de nombreux Argentins ont perdu confiance dans les partis traditionnels. Javier Milei s’est engouffré dans la brèche et a séduit une grande partie de la jeunesse.
« L’inflation nous tue et l’incertitude de l’emploi ne nous permet pas de nous projeter », affirme Adriana Alonso, une femme au foyer de 42 ans.
Economiste de formation, Javier Milei, dont les meetings de campagne font penser à ceux de Donald Trump, a promis de fermer la banque centrale argentine et de dollariser l’économie.
« La progression de Milei est une surprise. Cela traduit la colère du peuple avec les politiques », a réagi l’ancien président conservateur, Mauricio Macri.
La participation aux primaires s’est élevée à 70%, le taux le plus bas depuis près d’une décennie, autre signe de désaffection de l’électorat.
(Reportage de Nicolás Misculin, Candelaria Grimberg, Walter Bianchi, Lucila Sigal, Maximilian Heath et Jorge Otaola ; version française Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün)